Condamné en août à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé des migrants, Cédric Herrou fait l'objet d'un vaste mouvement de solidarité.
La cagnotte qu'il a lancée cet été pour construire des cabanes en bois sur son domaine agricole a déjà largement dépassé son objectif. Alors que le paysan espérait récolter 15.000 euros pour pouvoir abriter les réfugiés durant l'hiver, plus de 58.000 euros avaient été réunis ce mardi 12 septembre, soit près du quadruple. Ce, alors qu'il restait dix-sept jours pour donner.
«Le projet est de construire des structures en bois pour loger les exilés, construire des douches et augmenter les toilettes sèches, avait expliqué Cédric Herrou. L’été il y a une capacité d’accueil de quatre-vingt à 250 personnes, l’hiver environ trente».
Le militant de l’association d’aide et de défense des migrants «Roya Citoyenne», producteur d'olives à Breil-sur-Roya, a pris l'initiative en 2015 d'héberger sur sa propriété des réfugiés, notamment Somaliens, Tchadiens, Soudanais, Erythréens. Ils sont accueillis dans des tentes, mais comme le rappelle Cédric Herrou les hivers sont rudes dans la région et «il est impossible d'accueillir des personnes dans des tentes quand les températures sont négatives».
C'est l'association Roya Citoyenne qui prend en charge la nourriture et les frais d'avocats. Quelque huit-cent repas sont ainsi distribués chaque jour à Vintimille, pour un coût estimé de 4.000 euros. L'association paie également les déplacements nécessaires, comme le rappelle Nice-Matin. Le 24 juillet dernier, Cédric Herrou s'est ainsi rendu à Nice avec 200 réfugiés pour aller à la Plateforme d'aide aux demandeurs d'asile.
«Délit de solidarité»
L'article L.622-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile punit de 30.000 euros d'amende et d'une peine de cinq ans d'emprisonnement «toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d'un étranger en France». La loi avait été modifiée en décembre 2012, afin qu'elle ne s'applique pas dans les situations ou «l'acte reproché n'a donné lieu à aucune contrepartie directe ou indirecte et consistait à fournir des conseils juridiques ou des prestations de restauration, d'hébergement ou de soins médicaux destinées à assurer des conditions de vie dignes et décentes à l'étranger, ou bien toute autre aide visant à préserver la dignité et l'intégrité physique de celui-ci».
Mais la cour d'appel a estimé mardi que le militantisme de Cédric Herrou constitue une forme de contrepartie, car son action s'inscrit «dans une démarche d'action militante en vue de soustraire des étrangers aux contrôles mis en oeuvre par les autorités».
Les association de défense des droits de l'Homme dénoncent pour leur part un «délit de solidarité».