Christopher Froome va, sauf catastrophe, remporter un quatrième Tour de France. Pourtant, sa domination semble moins évidente que par le passé et la probabilité qu’il remporte le Tour sans gagner d’étape est désormais très importante. Il ne serait pourtant pas le premier.
Pour sa première victoire sur la Grande Boucle, en 2013, Froome avait emporté la huitième étape au sommet à Ax 3 Domaines, la quinzième étape au Mont Ventoux, puis la dix-septième étape, un contre-la-montre arrivant à Chorges.
En 2015, pour son deuxième Tour de France remporté, il s’était contenté d’une seule victoire, marquante, lors de la dixième étape qui arrivait au sommet à La Pierre Saint-Martin. Enfin, en 2016 le Britannique avait levé les bras à Bagnères-de-Luchon (huitième étape), puis remporté le contre-la-montre individuel (dix-huitième étape).
Cette année, Froome n’a a priori plus qu’une seule possibilité pour remporter une étape sur la Grande Boucle, le contre-la-montre final se déroulant samedi à Marseille. Une étape pour laquelle il compte parmi les favoris, mais reste, en toute logique, inférieur aux spécialistes de la discipline (notamment Tony Martin).
Si Christopher Froome remporte le Tour de France sans avoir levé les bras, il serait le septième coureur à réaliser pareille performance. Il convient en effet de rappeler que le vainqueur du classement général se calcule au temps et non au nombre de victoires.
1922, Firmin Lambot
Le premier à avoir remporté le Tour sans avoir gagné la moindre étape est un Belge, Firmin Lambot. Ce dernier avait ainsi remporté la Grande Boucle en 1922 dans ces conditions. À noter que Lambot était accoutumé aux victoires à la Pyrrhus : en 1919, il avait déjà remporté un Tour de France que seuls onze coureurs avaient pu terminer.
1956, Roger Walkowiak
Plus de trente ans plus tard, en 1956, c’est Roger Walkowiak, un coureur Français qui connait pareille aventure pour sa seule victoire dans un grand Tour. En l’absence de nombreux favoris (Louison Bobet, Jacques Anquetil, Fausto Coppi, Ferdi Kübler), le Français s’impose à la grande surprise de nombreux spécialistes. De cette victoire naitra même une expression dédiée à la course cycliste, un «Tour à la Walko» désignant désormais une victoire née de circonstances inattendues.
1960, Gastone Nencini
En 1960, c’est au tour de l’Italien Gastone Nencini. Alors qu’il portait le maillot jaune, il pousse à la faute le grand favori du classement général, Roger Rivière. Ce dernier, lancé à l’attaque dans la descente du col du Perjuret chute dans un ravin. Miraculé, Rivière restera paralysé plusieurs jours et mettra fin à sa carrière professionnelle à tout juste 24 ans. Nencini, lui, remportera cette édition 1960 sans n’avoir jamais levé les bras.
1966, Lucien Aimar
Six ans plus tard, en 1966, le Français Lucien Aimar remporte son seul Grand Tour. Devançant notamment Raymond Poulidor au classement général, Aimar doit beaucoup dans cette victoire à celui qui courrait alors son dernier Tour de France, Jacques Anquetil qui l’aura soutenu tout au long des trois semaines de course. Sans n’avoir gagné la moindre étape, le coureur de l’équipe Ford parviendra à conserver un avantage d’une minute sur ses poursuivants.
1990, Greg Lemond
En 1990, l’Américain Greg Lemond s’empare du maillot jaune lors de l’avant-dernière étape du Tour de France, un contre-la-montre autour du Lac de Vassivière (remporté par Erik Breukink). Devançant désormais l’italien Claudio Chiapucci au classement général, Lemond remporte son troisième Tour de France sans avoir remporté la moindre étape.
2006, Oscar Ribeiro
Enfin, le cas d’Oscar Ribeiro en 2006 est à part. Le classement général de ce Tour avait en effet été remporté par Floyd Landis, mais ce dernier, convaincu de dopage fut déchu de son titre au profit de son dauphin, Oscar Ribeiro. L’Espagnol fut donc considéré vainqueur d’une édition sur laquelle il n’avait jamais levé les bras.