Samir Nasri nourrit l'incompréhension de l'Angleterre vis-à-vis de la France, les Britanniques se demandant comment les Bleus pourraient se passer au Mondial-2014 d'un joueur brillant chez eux et tout juste auréolé du titre de champion avec Manchester City.
Le meneur des Citizens sort en effet d'une saison pleine avec son club, vraisemblablement la plus aboutie depuis qu'il évolue de ce côté-ci de la Manche où il est arrivé en 2008.
A 26 ans, il vient ainsi de réaliser le doublé championnat-Coupe de la Ligue et ce sacre national est le 2e après celui obtenu en 2012 après quatre années frustrantes passées à Londres avec Arsenal.
En 46 matches toutes compétitions confondues avec les Bleus ciel, il a donc inscrit 11 buts et délivré autant de passes décisives. Dont sept réalisations et sept caviars en 34 matches de championnat.
Dimanche, il a justement fermé son compteur en ouvrant la marque contre West Ham (2-0), avant d'être même désigné "homme du match".
Pourtant, le joueur aux 5 buts en 41 sélections ne sera vraisemblablement pas du voyage au Brésil, comme il l'a reconnu lui-même en marge de la célébration du titre.
"Pas besoin de spéculer, je pense que les jeux sont faits, c’est comme ça, a assuré Nasri sur Canal+. Si j’avais été du voyage au Brésil, j’aurais tout donné. Si être titulaire dans un club comme Manchester City et gagner deux titres, être performant, ce n’est pas suffisant, et bien tant pis je n'aurai pas de regret, j’ai tout fait sur le terrain".
Autant dire qu'en Angleterre personne ne comprendrait cette absence, tant le joueur s'y est montré régulier, décisif et efficace depuis août.
"Je ne peux imaginer que Nasri ne soit pas au Brésil parce qu'il a été l'un des meilleurs joueurs du championnat et quelqu'un de très important pour nous cette saison, a ainsi déclaré son entraîneur Manuel Pellegrini. S'il ne va pas au Mondial, c'est une grosse erreur".
'Reflet de tensions du passé'
"Deschamps a viré Nasri en février après la déception du match aller des barrages contre l'Ukraine mais pourtant il semble difficile d'ignorer sa récompense d'homme du match dimanche ainsi que ses bonnes performances tout au long de la saison", écrit lundi The Daily Mail.
"Cela s'explique évidemment par le reflet de tensions du passé dans le camp français plutôt que par la forme de Nasri, qui a encore été excellente", abonde The Times alors que le joueur est en Une de nombreux journaux lundi.
L'ex-Marseillais à la réputation sulfureuse en France pourrait en effet payer son comportement du 15 novembre 2013 lors de sa dernière sélection en barrage aller des éliminatoires du Mondial-2014 contre l'Ukraine.
Balayée 2-0 ce jour-là à Kiev, la France avait déjoué et Nasri s'était une nouvelle fois montré irritant sous le maillot bleu.
International depuis 2007, Nasri s'apprête donc à manquer un nouveau tournoi supra-national.
Non-retenu en 2010 pour le Mondial sud-africain par le sélectionneur Raymond Domenech (qui disait du joueur dans son livre: "Samir Nasri symbolise cette dérive des joueurs ne pensant qu'à leur gueule. Au sein d'un groupe, il vient toujours appuyer là où ça fait mal et révèle la faille au lieu de la colmater") le milieu offensif n'a jusque-là joué que l'Euro en 2008 et 2012.
Et il ne s'y était pas fait que des amis puisqu'il avait été accusé par les anciens de manquer de respect en 2008, puis avait été suspendu en 2012 par la FFF pour des écarts de conduite à répétition.
"Je pense que le sélectionneur n'a pas grand chose à me reprocher. J’ai fait un mauvais match en Ukraine, comme mes coéquipiers. Le reste, ce sont des faux-semblants, des fausses excuses. J’ai joué dans plusieurs clubs, je n’ai jamais eu un problème extra-sportif ou dans le vestiaire. Voilà. On ne peut pas être ami avec 23 mecs dans une équipe, c’est comme ça", a tranché Nasri.