Revenue sur le devant de la scène la saison passée, où elle a terminé au 27e rang mondial, Alizé Cornet entend bien poursuivre sur sa lancée en 2014. Pourquoi pas dès l’Open GDF Suez ? Confidences.
Direct Tennis : Vous allez disputer votre 8e Open GDF Suez, déjà. Et pourtant, vous êtes encore très jeune… N’aurait-on pas un peu tendance à l’oublier ?
Alizé Cornet : Si, je pense. Les gens ont tendance à oublier mon âge (24 ans le 22 janvier, ndlr) et moi-même il m’arrive souvent de le faire. Du coup, c’est sympa de me rappeler que j’ai encore tout l’avenir devant moi ! Je suis passée pro à 16 ans, à 17 ans j’étais dans les « 50 »… J’ai déjà beaucoup d’années de carrière derrière moi, mais au final, j’en ai encore plein à vivre et probablement les plus belles. L’air de rien, cette année, je disputerai aussi mon 10e Roland-Garros : le temps passe ! Mais je suis encore très jeune et j’ai plein de choses à prouver. Parfois, ça me fait rire quand j’entends le public et les médias parler de Kristina Mladenovic et de Caroline Garcia comme des bébés : on a seulement trois ans d’écart, mais j’ai l’impression d’être une maman pour elles ! Donc tout est relatif !
Vous évoquiez Roland-Garros : votre premier en seniors, c’était en 2005, deux ans avant de gagner en juniors à 17 ans. Dit comme ça, ça paraît fou, non ?
Oui c’est fou, en plus j’avais bien joué à 15 et 16 ans, en passant un tour à chaque fois. En 2007, je me souviens qu’avant le tournoi, j’avais annoncé en conférence de presse –cela devait vraiment être l’insouciance de la jeunesse- : « cette année, je gagne les juniors ! » Je me sentais déjà bien pro dans ma tête puisque ça faisait deux ans que je côtoyais le très haut niveau et pour moi, c’était juste logique de m’imposer en juniors. J’ai tout bien fait dans les temps et, en même temps, débarquer à 15 ans, c’était très, très jeune en effet. Aujourd’hui, on ne verrait plus une chose pareille se produire car les joueuses arrivent à maturité plus tard.
Puis il y a eu cette année 2008 extraordinaire, que vous avez terminé au 16e rang mondial. Le piège n’a-t-il pas ensuite été de la prendre comme un modèle à essayer de reproduire ?
Oui et non. Cette première partie de carrière que j’ai eue en 2007-2008, personne ne pourra jamais me l’enlever. Maintenant, à moi de faire de la seconde quelque chose de très beau aussi, davantage sur le long terme. Ce qui s’est passé était mérité et je le prends comme de l’expérience en plus, une série de leçons desquelles je peux tirer des enseignements.
Après cela, vous avez mis du temps à retrouver un équilibre ?
Il fallait que tout se remette en place, effectivement, comme un puzzle qui s’assemble. Je me suis posé les bonnes questions, j’ai fait les bons choix, j’ai travaillé avec les bonnes personnes, je me suis remise en cause. Et voilà : la joueuse que j’étais à l’époque a repointé le bout de son nez ! Je suis maintenant revenue définitivement. J’ai l’impression d’avoir retrouvé ma place. Ce qui est une satisfaction parce que, dans mes moments de doute, ce n’était pas gagné.
Dans ces moments de doute, avez-vous songé à arrêter le tennis ?
Il est arrivé que je me dise : « ta vie est ailleurs, le tennis c’est du passé, il faut arrêter de te faire du mal, ça ne t’apporte plus rien… » Parce qu’à un moment donné, cela m’apportait beaucoup, beaucoup plus de déceptions que de joies. D’autant que le changement avait été brusque après ces moments d’adrénaline, d’émotions fortes et de bonheur sur le court que j’avais connus très jeune. J’ai pensé que j’avais eu mon heure de gloire mais que je n’étais pas faite pour ça. C’est quand j’ai finalement compris que si, je l’étais, que je me suis dit : « allez, un jour ça va revenir, travaille, accroche-toi, il faut juste prendre ton mal en patience ». Et j’avais bien raison. J’ai toujours été faite pour jouer au tennis. J’en suis persuadée, malgré les hauts et les bas.
Si vous deviez résumer l’Open GDF Suez et son ambiance ?
C’est marrant parce que je n’y ai que des bons souvenirs alors que je n’y ai fait qu’une seule fois un bon résultat, en 2009, lorsque j’ai atteint les quarts de finale. Pour moi c’est un incontournable, c’est « LE » tournoi indoor de l’année. C’est un tournoi historique, super chaleureux, les spectateurs sont proches du court, et puis forcément Paris, c’est à la maison ! Donc ce sont les mêmes ambiances qu’à Roland-Garros : on a l’impression d’être chez soi, d’être porté par le public. Et je dois dire que j’ai vraiment hâte de sentir cette ambiance-là en Fed Cup, puisque nous avons choisi de recevoir la Suisse à Coubertin la semaine suivant l’Open (voir encadré). Ces deux semaines vont être totalement géniales et j’espère qu’on aura chauffé le public en jouant bien durant le tournoi pour lui donner envie de revenir nous soutenir lors de la Fed Cup
Fed Cup : l'amour vache
Longtemps, l’envie de trop bien faire en Fed Cup a coûté cher à Alizé Cornet. Au point que ses huit premiers matches sous le maillot tricolore se sont soldés par des défaites. Mais l’arrivée à l’été 2012 d’Amélie Mauresmo comme capitaine a tout changé. « Avec son aide et son soutien, dit Alizé Cornet, on progresse toutes ensemble. J’ai rarement senti une cohésion aussi forte au sein de l’équipe. » Et Coubertin pourra le constater de visu les 8 et 9 février, puisque les Bleues l’ont choisi, dans la foulée de l’Open GDF Suez, comme lieu de réception de la Suisse lors du premier tour du Groupe mondial II.
Téléchargez "Direct Tennis" en PDF
"Direct Tennis" monte au filet
Sony : un capteur pour permettre aux joueurs de tennis d'analyser leur jeu
Gasquet : "les gens me connaissent mal"