Le navigateur suisse Yvan Bourgnon, grand spécialiste du multicoque, et son coéquipier français Vincent Beauvarlet quittent Les Sables d'Olonne (Vendée) samedi pour un tour du monde en petit catamaran de sport, une aventure qui n'a encore jamais été tentée.
Le projet est à première vue complètement fou et vivement déconseillé au commun des mortels. Mais Bourgnon, 42 ans, est un habitué des raids au long cours et n'en est pas à son coup d'essai.
En septembre 2010, il avait traversé la Méditerranée avec le Français Jérémie Lagarrigue, reliant Marseille à Carthage (Tunisie) en 53 heures et 52 minutes sur un catamaran conçu pour régater dans des eaux abritées.
Et en janvier 2012, Bourgnon et un autre Français, Sébastien Roubinet, avaient fait le tour du cap Horn, d'Ushuaïa à Ushuaïa (Argentine), en une soixantaine d'heures à bord d'un Nacra F20 de 6 mètres de long, un autre catamaran de sport.
"C'est le truc le plus dur que j'ai fait", avait ensuite déclaré Bourgnon, reconnaissant qu'il lui avait fallu "une bonne dose de folie".
Cette fois-ci, il s'agit tout simplement (!) de tourner pendant 11 mois à deux autour du globe sur un voilier long de 6,3 m et large de 4 m. Un parcours de quelque 50.000 km.
Le retour en France est prévu en septembre 2014, après une vingtaine d'escales. La première sera La Corogne (nord-ouest de l'Espagne).
Installés depuis plusieurs jours aux Sables d'Olonne, port de départ et d'arrivée des tour-du-mondistes du Vendée Globe, Bourgnon et Beauvarlet sont prêts à partir.
"Après des mois de travail acharné, nous sommes impatients d’entrer dans le vif du sujet. Nous canalisons au mieux cette impatience pour nous concentrer sur les derniers préparatifs", déclare Bourgnon.
"Fort de ma longue expérience du large avec les plus grands multicoques (notamment avec les trimarans de 60 pieds Orma, ndlr) et de la régate en catamaran de sport, j’ai souhaité conjuguer les deux dans un défi unique, ajoute-t-il. C’est en franchissant le cap Horn par 100km/h de vent que j’ai compris que cette folie pouvait être possible".
L'histoire raconte que Vincent Beauvarlet, 39 ans, n'aurait pas mis plus de 15 secondes avant d’accepter ce défi inédit lancé par son ami de longue date.
De l'amitié, il en faudra assurément pour vivre pendant près d'un an dans des conditions d'inconfort assez incroyables, les deux hommes dormant à tour de rôle sur des bancs aménagés de chaque côté sur les "ailes" du petit catamaran, couverts d'embruns dès qu'il y aura du clapot.
Et pour corser un peu l'aventure, Bourgnon et Beauvarlet vont naviguer à l'ancienne, avec sextant et cartes papier.