Néo-Zélandais et Italiens s'affrontent dans un duel très attendu samedi dans la baie de San Francisco, lors de la première vraie régate de la Coupe Louis-Vuitton, les éliminatoires des challengers de la Coupe de l'America.
"Que les courses commencent", a déclaré jeudi Grant Dalton, le patron charismatique et au caractère bien trempé des Kiwis.
Le "ruddergate", ce litige sur les safrans qui a gâché les débuts de la compétition, étant désormais réglé, Emirates Team New Zealand et Luna Rossa vont pouvoir se mesurer sur l'eau. Et non face à un adversaire virtuel, comme ça a été le cas à trois reprises depuis le début de la Louis-Vuitton, dimanche dernier.
Les deux équipes se connaissent bien car elles se sont entraînées plusieurs mois ensemble en Nouvelle-Zélande (jusqu'à la fin 2012) et les Italiens ont en outre acheté les plans du premier bateau néo-zélandais.
Les Kiwis en ont, depuis, sorti un deuxième tandis que les Italiens faisaient évoluer le leur. Le cabinet d'architectes français VPLP, spécialisé dans les multicoques, a d'ailleurs récemment dessiné pour eux de nouveaux safrans équipés de plans porteurs asymétriques.
Les deux catamarans AC72 (22 m de long) sont désormais assez différents. Celui des Néo-Zélandais semble plus sophistiqué, plus abouti d'un point de vue aérodynamique et les manœuvres de son équipage donnent l'impression d'être plus fluides. Bref, les Kiwis ont les faveurs des pronostics.
Max Sirena, le skipper de Luna Rossa, en convient volontiers. ETNZ "est aujourd'hui la plus forte des quatre équipes présentes à San Francisco, y compris les Américains"."Ce ne sera pas une suprise pour nous si nous sommes battus demain (samedi) par les Kiwis, a-t-il ajouté dans un entretien avec l'AFP. Il y a toujours un fossé entre eux et nous (...). Mais nous pousserons le bateau au maximum".
"Redoutables adversaires"
Dalton refuse ce statut de super-favori. "Nous devrons être à fond samedi car ils (les Italiens) étaient très rapides hier (jeudi, lors de leur vraie-fausse régate en solo contre le "fantôme" d'Artemis, ndlr)", a-t-il confié à l'AFP.
"Je suis très impressionné par les Néo-Zélandais", a déclaré à l'AFP Jimmy Spithill, le barreur australien de l'AC72 américain Oracle, détenteur de la "Cup". "D'une façon générale, leurs manoeuvres sont bien exécutées et Luna Rossa a l'air beaucoup plus lent".
Les Kiwis "seront de redoutables adversaires", a-t-il ajouté, anticipant quelque peu sur l'issue de la Louis-Vuitton, qui ne se terminera que le 30 août.
Jeudi, Luna Rossa a engrangé son premier point en bouclant en solitaire le parcours mouillé dans la baie. Son adversaire du jour, le défi suédois Artemis, n'a toujours pas mis à l'eau son deuxième AC72 (le premier ayant été détruit le 22 mai dans un chavirage qui a coûté la vie à l'un de ses équipiers) et ne rejoindra vraisemblablement pas la compétition avant la fin juillet.
Le fait de s'être entrainé ensemble n'empêche pas la guerre psychologique, une composante essentielle de la Coupe de l'America. Jeudi, lorsque les Italiens bouclaient leur vraie-fausse régate, le catamaran rouge et noir des Kiwis est venu les narguer un moment, naviguant en parallèle de sa route à l'extérieur du parcours.