Le Grand Prix de Malaisie de Formule 1, disputé dimanche dans la chaleur étouffante de Sepang, a mis en pleine lumière, entre deux orages tropicaux, les rivalités avérées ou potentielles entre équipiers des principales écuries engagées dans la saison 2013 de Formule 1.
La plus évidente, qui est aussi la plus ancienne du plateau actuel, a été la moins bien gérée dimanche en fin de course. Elle concerne les deux pilotes Red Bull, Sebastian Vettel et Mark Webber, qui faisaient grise mine sur le podium, puis ont réussi à répondre longuement, malgré leur état de nerfs, aux questions insistantes des journalistes.
"Sebastian a toujours fait ce qu'il voulait, il a toujours été protégé, c'est comme ça", a dit un Webber dépité, dégoûté, qui s'est demandé sûrement, pendant les derniers tours d'une course qu'il aurait dû remporter, pourquoi il avait repoussé l'été dernier les avances de Ferrari. Il aurait été numéro 2 de la Scuderia, certes, mais à 36 ans cela aurait été le couronnement d'une belle carrière pour l'Australien.
"Je respecte Mark pour tout ce qu'il a fait, je m'excuse auprès de lui, j'ai fait une grosse erreur, nous allons en parler tranquillement", a déclaré Vettel, qui avait retrouvé sa langue après la course pour dire et redire qu'il regrettait son dépassement insensé du 46e tour, au ras du mur des stands, alors que l'écurie championne du monde avait décidé de figer les positions, Webber en tête.
Pendant ce temps, sur la radio de bord des Mercedes de Lewis Hamilton et Nico Rosberg, se jouait une course d'équipe beaucoup plus propre, car le jeune Allemand a décidé de respecter les consignes données par Ross Brawn, son Team Principal, afin d'éviter une catastrophe sur la piste.
"C'est une journée importante pour nous, et tout le monde a tellement travaillé à l'usine, pour nous mettre à ce niveau, tout près des Red Bull, qu'il fallait ramener ce résultat, donc je comprends", a dit Rosberg après coup. "Si les positions avaient été inverses, ils auraient fait la même chose", a-t-il ajouté, impeccable tout le week-end.
"Je ne suis pas plus motivé parce que Lewis est devenu mon équipier, je l'étais déjà quand c'était Michael (Schumacher)", a aussi dit Rosberg en Malaisie, en soulignant qu'Hamilton, qu'il connaît depuis le karting, est "une bonne référence" pour lui. Conscient que depuis son arrivée cet hiver, le champion du monde 2008 tire tout le monde vers le haut.
Quand Hamilton était chez McLaren avec Jenson Button, il n'y a jamais eu de gros problème entre les deux Britanniques, alors que la saison 2007 passée en compagnie de Fernando Alonso avait été orageuse. L'Espagnol, alors double champion du monde, ne comprenait pas que le débutant Hamilton soit traité comme lui par l'écurie de Woking. Aucun des deux n'a pu gagner le championnat.
Du coup, fin 2007, Alonso a rompu son contrat, repartant chez Renault, puis Hamilton est devenu champion du monde en 2008. Chez Ferrari, à partir de 2009, l'Espagnol a retrouvé un système de fonctionnement qui lui convient: il est le numéro 1 indiscutable, le leader charismatique de la Scuderia, et n'oublie pas de tresser régulièrement des louanges à son lieutenant brésilien, Felipe Massa, pour préserver l'harmonie.
Restent McLaren et Lotus, où une guerre interne n'est pas encore à l'ordre du jour, vu l'expérience de Jenson Button, qui en a vu d'autres, et le niveau de performance de Kimi Räikkönen, sacré deux ans avant l'Anglais. Pour Sergio Pérez et Romain Grosjean, auteurs de trois podiums chacun l'an dernier, c'est encore une période d'apprentissage, de patience, qui n'exclut pas quelques coups d'éclat.