Au bout d'une longue quête, Tony Parker va enfin disputer, à trente ans, ses premiers jeux Olympiques à partir de dimanche à Londres et assouvir le rêve d'une vie.
Il aurait adoré porter le drapeau français lors de la cérémonie d'ouverture vendredi. Devancé par Laura Flessel, il devra finalement se contenter de porter des lunettes, que son club de San Antonio lui impose pour protéger son oeil gauche opéré le 17 juin afin d'en retirer un éclat de verre.
C'est un accessoire dont il se serait bien passé, tellement il lui a gâché la vue et la vie lors des matches de préparation où il a été très maladroit.
"Il faut que je m'habitue, que je m'adapte, ce n'est pas facile", souligne la star des Bleus qui reconnaît que le début de l'été a été "très difficile".
Mais, alors qu'approche le premier match face aux Etats-Unis dimanche, un rendez-vous "très symbolique" pour lui, fils d'un basketteur américain, il appelle ses coéquipiers à être positif et à "foncer maintenant".
Foncer, Tony Parker sait faire. Arrivé en NBA à l'âge de 19 ans, meneur titulaire des San Antonio Spurs dès son cinquième match et capitaine des Bleus à 21 ans, il a mené sa carrière au pas de charge.
Mais la consécration olympique s'est, elle, longtemps fait attendre. "Les JO, dit-il, ça faisait longtemps qu'on courrait derrière". Onze ans exactement, depuis ses débuts en bleu, le temps de vivre deux désillusions déprimantes aux Euros 2003 et 2007, lui barrant la route des Jeux.
Génération 2000
Ses larmes après la victoire sur la Russie en demi-finales de l'Euro 2011, synonyme de visa pour Londres, sont venues nettoyer à grandes eaux les déceptions du passé. Et chasser la perspective burlesque que le meilleur joueur français de tous les temps ne participe peut-être jamais aux JO.
Comme tant d'autres de sa génération, le jeune Tony s'est émerveillé devant les arabesques de Magic Johnson et de Michaël Jordan, son idole, en regardant la Dream Team américaine aux JO de 1992 à la télévision.
Vingt ans plus tard, c'est aujourd'hui son tour d'entrer dans l'arène olympique, avec le N.9 dans le dos, le même que portait Jordan à Barcelone.
"C'était le but ultime", dit-il, au souvenir de cette longue quête entamée avec les copains de sa génération, championne d'Europe juniors en 2000, dont ses grands potes Boris Diaw et Ronny Turiaf.
"A l'époque, on parlait des JO et on s'était donné rendez-vous à Paris en 2008. Finalement ce sera en 2012 Londres", s'amuse Pierre Vincent, entraîneur en 2000 des juniors et aujourd'hui des Bleues, également qualifiées aux Jeux.
"Ca va être la folie, savoure Parker. J'aimerais aller voir Bolt, Phelps la journée de Teddy Riner et Ladji (Doucouré). Mais il faudra aussi qu'on reste concentré car il y aura beaucoup de distractions. J'en ai parlé avec Olivier Girault (champion olympique de handball en 2008): il faudra faire bloc."
Car si Parker arrive enfin à ses fins, il nourrit déjà un nouveau rêve: marcher dans les pas de ses aînés, argentés à Sydney en 2000, et décrocher une médaille à Londres.