L'agence spatiale européenne travaille sur une mission de météo spatiale unique en son genre. D'ici à 2031, le satellite Vigil sera chargé de prédire les tempêtes solaires.
L'agence spatiale européenne veut placer le Soleil sous surveillance. Le projet de météo spatiale Vigil a été imaginé dans ce but, plus précisément afin de prédire, d'ici à 2031, les tempêtes solaires.
La plupart du temps, ces dernières n'engendrent rien de plus que des aurores boréales, à l'image de celles observées en France ces derniers mois. Il arrive toutefois que les conséquences soient plus destructrices, comme lors de l'événement de Carrington, une suite d'éruptions solaires survenue en septembre 1859.
A l'époque, le phénomène avait perturbé de nombreux dispositifs technologiques et certains télégraphes avaient même pris feu. Or, à l'heure où la vie de tous les jours repose de plus en plus sur les «technologies interconnectées», l'ESA souligne la nécessité de protéger ces infrastructures.
«Les tempêtes solaires peuvent endommager les réseaux électriques, perturber les télécommunications et menacer les satellites et les services vitaux qu’ils fournissent», écrit l'ESA. Un phénomène comme l'événement de Carrington aurait donc des effets bien plus délétères aujourd'hui.
Interrogé par National Geographic, Giuseppe Mandorlo, qui dirige le projet Vigil, explique que «des régions, voire des pays entiers, pourraient être dépourvus d'électricité pendant des mois» et, dans ce cas, la réparation des dégâts «pourrait prendre une à deux années».
Les satellites en orbite sont globalement conçus pour résister aux tempêtes magnétiques mais un phénomène d'ampleur pourrait malgré tout les endommager. En cas d'explosion solaire particulièrement puissante, les astronautes présents dans l'espace pourraient même être irradiés si leur vaisseau était frappé par une particule à un endroit vulnérable. Un risque similaire pourrait même exister concernant les passagers d'un avion à 3.000 ou 4.000 pieds.
Une alerte plusieurs jours avant l'impact
Un tel événement pourrait coûter des «centaines de milliards, voire des trilliards d'euros», selon Giuseppe Mandorlo, sans compter les pertes humaines inévitables. Avec Vigil, l'objectif est donc de mettre en place un système d'alerte qui permettrait d'être prévenu suffisamment en amont de l'arrivée d'une tempête solaire, afin d'avoir le temps d'éteindre les réseaux électriques durant quelques heures et de protéger les personnes à risque.
Cette mission s'inscrit dans un programme de sécurité de l'espace mis en place par l'ESA, et qui bénéficie d'un budget d'environ 750 millions d'euros. En 2031, le satellite Vigil sera envoyé au niveau de l'un des points où les champs gravitationnels du Soleil et de la Terre sont à force égale, appelé Lagrange 5.
Son rôle sera de fournir des images du Soleil comme de la Terre afin d'évaluer la vitesse ainsi que la densité des éjections de masse coronale, qui augmentent lors des cycles de forte activité solaire. A l'heure actuelle, les scientifiques ne peuvent prédire une tempête solaire que 12 à 18h avant qu'elle n'atteigne la Terre. Virgil devra être capable de fournir les données nécessaires quatre à cinq jours avant l'impact.