La fusée Ariane 6 doit s'élever pour la première fois ce mardi au-dessus de la jungle guyanaise, portant avec elle les espoirs de l'Europe de retrouver un accès autonome à l'espace. Un événement qui remet en lumière la question de la compétitivité européene face à SpaceX et son Falcon-9.
Ariane 6 s'apprête à conquérir l'espace. L'Agence spatiale européenne (ESA) se prépare à lancer sa nouvelle fusée, Ariane 6, qui doit permettre d'envoyer de nombreux satellites en orbite.
Cependant, face à la concurrence croissante de SpaceX, l'avenir de la conquête spatiale européenne est incertain.
Plusieurs facteurs entrent en jeu dans la compétition spatiale actuelle, tels que le coût, la cadence de tir et la réutilisation des fusées. SpaceX, fondé en 2002 par Elon Musk, s'est imposé comme un redoutable rival des acteurs traditionnels du secteur.
Le Falcon 9, seule fusée réutilisable
Inauguré en 2010, le lanceur Falcon-9 de SpaceX est la seule fusée réutilisable actuellement capable d'envoyer des satellites en orbite. Cette technologie permet à SpaceX de réaliser des économies considérables en réutilisant les parties les plus coûteuses du propulseur, faisant du Falcon 9 un candidat sérieux pour devenir le leader mondial de la conquête spatiale.
Le coût de lancement d'un satellite avec Falcon-9 est bien inférieur à celui d'Ariane 6. SpaceX facture environ 62 millions d'euros par lancement, contre 85 à 130 millions d'euros pour l'ESA. De plus, SpaceX affiche une cadence de tir bien plus élevée, avec 50 lancements par an, contre 9 à 10 pour Ariane 6. En mai dernier, le Falcon-9 a réalisé à lui seul neuf missions spatiales.
L'Europe à la croisée des chemins
Le retard du lancement d'Ariane 6, initialement prévu en 2020 mais repoussé à cause de la pandémie de Covid-19 et de problèmes techniques, a fragilisé la position de l'Europe sur le marché spatial. Privée d'Ariane 5 depuis son dernier vol en juillet 2023 et confrontée à l'échec du vol commercial de la fusée italienne Vega-C en 2022, l'Europe accuse un retard certain.
L'attractivité de SpaceX attire certains clients au détriment d'Ariane 6. En juin dernier, Eumetsat, l'agence européenne de satellites météorologiques, a choisi de lancer son satellite avec Falcon-9 plutôt qu'avec Ariane 6, pour des raisons essentiellement financières. Ce choix reflète une certaine défiance envers le développement de la nouvelle fusée européenne.
En revanche, l'ESA profite de la rivalité entre les hommes d'affaires Elon Musk et Jeff Bezos pour attirer Amazon parmi ses fidèles clients. Pas moins de 18 satellites seront envoyés par Ariane 6 en orbite pour répondre au projet du patron de la plate-forme de vente. Son projet : 3.256 aéronefs Kuiper d'ici à cinq ans dans l'espace.
Le lancement d'Ariane 6 sera scruté de près par l'industrie spatiale internationale. L'ESA devra impérativement faire valoir une fiabilité exceptionnelle pour Ariane 6 (98,4% de succès pour le modèle précédent) et proposer des innovations pour rivaliser avec SpaceX et reconquérir sa place dans la course à la conquête spatiale.