L'astéroïde Bennu contient de l'eau et du carbone comme l'espéraient les scientifiques, a annoncé ce mercredi la Nasa. L'agence spatiale a révélé les premières images de la poussière et des morceaux noircis du plus gros échantillon d'astéroïde jamais rapporté sur Terre.
Une découverte déterminante. Plus de deux semaines après l’atterrissage de la capsule de la mission Osiris-Rex, les premières images du plus gros morceau d’astéroïde jamais prélevé ont rendu leur verdict : l’objet céleste contient de l’eau et du carbone.
«Les molécules d'eau et de carbone sont exactement le genre de matière que nous souhaitions trouver», a déclaré le patron de la Nasa, Bill Nelson, lors d'un événement organisé à Houston. «Il s'agit d'éléments cruciaux dans la formation de notre propre planète, et ils vont nous aider à déterminer l'origine des éléments qui pourraient avoir mené à la vie».
Here they are. These bits of ancient space rock may hold clues to how the rocky planets—including our own—formed. Scientists worldwide will study the #OSIRISREx sample for generations to come to get answers on where we come from. pic.twitter.com/2yN2cs36gQ
— NASA (@NASA) October 11, 2023
Retard à l’ouverture
La mission Osiris-Rex avait prélevé cet échantillon en 2020 sur l'astéroïde Bennu, et la capsule contenant la précieuse cargaison est revenue avec succès sur Terre il y a un peu plus de deux semaines, en atterrissant dans le désert américain. Depuis, le méticuleux processus d'ouverture de la capsule se déroule dans une chambre blanche au centre spatial Johnson de la Nasa à Houston. Mais l'opération a réservé quelques surprises.
A cause de l'abondance de matière retrouvée à l'extérieur même du compartiment de collecte, «celui-ci n'a pas encore commencé à être ouvert», a déclaré Eileen Stansbery, scientifique en cheffe au centre spatial Johnson. «Nous prenons notre temps pour réaliser un traitement méthodique et nous occuper comme il faut de chaque morceau de Bennu», a-t-elle expliqué.
Avant l'atterrissage de la capsule, l'agence spatiale américaine estimait avoir réussi à ramasser environ 250 grammes de matière sur l'astéroïde Bennu, soit bien plus que deux précédentes missions japonaises vers d'autres astéroïdes. La Nasa, pour qui une telle manœuvre était une première, devra encore confirmer cette estimation.
une Poussière noire vue comme un trésor
L'heureuse surprise de cette matière «bonus» s'explique par un incident survenu au moment du prélèvement de l'échantillon : juste après l'opération, la Nasa s'était rendue compte que le clapet du compartiment de collecte ne parvenait pas à se refermer. La cargaison avait réussi à être sécurisée en étant transférée comme prévu jusque dans la capsule, mais à cause de cette fuite, les scientifiques s'attendaient à ce que des résidus soient retrouvés à l'extérieur du compartiment, dans la boîte où il avait été placé.
Cette matière appelée «poussière noire» et ces «débris», selon les mots de la Nasa, ont été confiés à une équipe d'analyse rapide, afin d'obtenir une première idée de la composition de Bennu. L'échantillon a été passé au crible à l'aide d'un microscope électronique à balayage, de la diffraction de rayons X, et de mesures infrarouges.
Comprendre la formation du système solaire
L'étude des astéroïdes doit permettre aux scientifiques de mieux comprendre la formation du système solaire et comment la Terre est devenue habitable. Les astéroïdes comme Bennu pourraient avoir apporté sur Terre les composés ayant permis par la suite la naissance de la vie, pensent certains scientifiques.
La majorité de l'échantillon sera conservée pour être étudiée par des générations futures, avec de nouveaux instruments plus performants et pour répondre à de nouvelles questions scientifiques. C'est ce qui avait été fait pour les roches lunaires rapportées lors du programme Apollo.
L'analyse de Bennu pourrait aussi se révéler utile à l'avenir. Il existe un faible risque (1 chance sur 2.700) que l'astéroïde frappe la Terre en 2182, une collision qui serait catastrophique. Connaître sa composition exacte pourrait ainsi aider, si besoin un jour, à calculer l'impact nécessaire pour dévier sa trajectoire.