Les «supervers» sont-ils la solution contre le plastique non recyclé ? Des chercheurs de l’université du Queensland à Brisbane (Australie) ont découvert une espèce de ver très spécifique ayant un appétit pour le polystyrène, qui pourrait aider à recycler le plastique à plus large échelle.
Matériel d'emballage, couverts jetables, boîtiers de CD... Des scientifiques australiens ont peut-être trouvé la solution pour recycler le plastique. Certains vers seraient gourmands de polystyrène.
Selon le Conseil américain de l'industrie de la chimie, 27 millions de tonnes de plastique se seraient retrouvés dans des décharges en 2018 aux Etats-Unis. 3,1 millions de tonnes seulement auraient été recyclés.
Des chiffres tout aussi inquiétants sur le reste du globe : l’OCDE pointe que seulement 9% du plastique serait recyclé à l’échelle mondiale.
La plupart des plastiques ne sont, en effet, pas facilement recyclables, et perdent en outre de leur valeur après l’opération. Sur les 80.000 tonnes de contenants en polystyrène générées aux Etats-Unis, une quantité négligeable, moins de 5.000 tonnes, a pu être recyclée.
Une enzyme adaptée à la digestion du polystyrène
Des vers pourraient pourtant partir à la rescousse de ces plastiques non recyclés. Leur petit nom : les Zophobas morio. Leur particularité : ces petits vers peuvent dévorer le polystyrène, grâce à une enzyme bactérienne présente dans leurs intestins.
Le docteur Chris Rinke et son équipe de l’Ecole de chimie et de biosciences moléculaires de l’université du Queensland a nourri ces supervers durant trois semaines, alternant mousse de polystyrène, son et périodes de jeun.
«Nous avons découvert que ces supervers, nourris avec un régime composé uniquement de polystyrène, ont non seulement survécu, mais ont même pris du poids», a déclaré le Dr Rinke.
«Cela suggère que les vers peuvent tirer de l’énergie de cette matière, très probablement grâce à leurs microbes intestinaux.»
«Mini-usines de recyclage»
Pour trouver des enzymes capables de dégrader le polystyrène et le styrène, les scientifiques ont utilisé la métagénomie. A long terme, l’objectif pourrait être d’équiper de véritables usines de recyclage de ces enzymes et d’optimiser le recyclage des matières difficiles à réutiliser.
«Les supervers sont comme des mini-usines de recyclage par broyage mécanique», a justement avancé le Dr Rinke. «Ils déchiquètent le polystyrène avec leur bouche, puis le nourrissent grâce à leurs bactéries intestinales.»
«Le produit de cette réaction peut ensuite être utilisé pour créer des composés de grande valeur, comme les bioplastiques. On espère que ces recherches encourageront le recyclage des déchets plastiques et réduira leur enfouissement.»