Des bombes au phosphore seraient en ce moment employées par Moscou pour neutraliser les forces ukrainiennes, dans la région du Donbass. Un policier ukrainien de la région du Lougansk dit en avoir été témoin. Au-delà de leur dangerosité, leur utilisation par le pouvoir russe soulève des questions juridiques.
Qu'est ce que le phosphore ?
Le phosphore est un élément chimique de la famille des minéraux. Il est naturellement présent dans le corps humain, en particulier dans nos os et dans nos dents.
Juste après le calcium, il est essentiel dans l'organisme humain. Il permet la réaction chimique des cellules entre elles. Il assure notamment la libération des enzymes et de l'énergie.
Qu'est ce qu'une bombe au phosphore ?
Sous forme chimique, après combustion, le phosphore se transforme en acide phosphorique. Il devient alors un agent de dissolution des tissus vivants, d'où son utilisation en tant qu'explosif.
C'est aussi l'agent le plus efficace connu à ce jour pour produire de la fumée.
A quoi servent-elles ?
De par leur caractère explosif et incendiaire, les bombes au phosphore peuvent illuminer un théâtre d'opérations armées.
De par leur caractère fumigène, elles peuvent permettre de se masquer en brouillant la visibilité de l'ennemi.
Lors de conflits armés, le phosphore peut servir à la fabrication de matière incendiaire, tout comme le napalm ou le chlore. Les bombes incendiaires sont alors utilisées comme armes de guerre.
En quoi sont-elles plus dangereuses que les autres ?
L'emploi de bombes au phosphore occasionne de graves lésions sur le corps humain, correspondant à des brûlures de deuxième ou de troisième degré.
Sur les personnes directement exposées, les particules incandescentes font fondre l'épiderme, la chair et les os.
Plus largement, le phosphore continue ses émanations au travers de ses micro-particules, qui conservent leur pouvoir de destruction. Les personnes exposées, même de loin, seront affectées au niveau respiratoire ou du métabolisme.
Leur usage est-il règlementé ?
L'utilisation des bombes au phosphore est réprouvé par la Convention de Genève des Nations unies (datant de 1980 et ratifiée en 1983), portant sur les armes dites «conventionnelles ».
Malgré ses ravages sur les populations civiles, le droit international continue cependant de considérer les bombes au phosphore comme des «armes incendiaires classiques».
Dans quels conflits ont-elles été utilisées ?
De par leur dangerosité, les bombes au phosphore sont régulièrement employées comme arme de destruction massive par de nombreuses armées. Durant la guerre du Vietnam, entre 1955 et 1975, l'armée américaine y a eu recours, de concert avec le fameux napalm.
Plus récemment, l'armée israélienne aurait fait usage de munitions de phosphore blanc sur la bande de Gaza, en 2008.
L'armée russe, quant à elle, n'en serait pas à son coup d'essai quant aux bombes au phosphore : ces munitions auraient été utilisées à plusieurs reprises lors des deux guerres de Tchétchénie, entre 1994 et 1996.
En quoi leur utilisation témoigne-t-elle d'une escalade du conflit ?
Depuis plusieurs décennies, de nombreuses organisations internationales militent pour que l'utilisation de bombes au phosphore soit requalifiée en tant que crime de guerre.
Si elles ne sont pas officiellement interdites, la jurisprudence internationale semble confirmer que leur usage «dans des zones densément peuplées» peut dans certains cas relever du crime de guerre.
Relayée par les médias actuellement sur le terrain, l'allégation d'utilisation de bombes au phosphore par le Kremlin reste, à ce stade, invérifiée.