Plus de 450 femmes accusent l'Agence régionale de sûreté du médicament d'avoir gardé le silence pendant des années sur les effets secondaires graves de pilules progestatives qui provoqueraient des tumeurs cérébrales. Elles sont prêtes à poursuivre l'État pour défaut d'information.
Androcur, Luteran, ce sont des médicaments hormonaux donnés aux femmes qui souffrent de règles douloureuses, par exemple. Aujourd'hui, des centaines de femmes dénoncent un scandale sanitaire concernant ces médicaments qui, à forte dose, multiplient par sept le risque de développer une tumeur, selon une étude de l'assurance maladie de 2016. Une information qui n’est pas parvenue à temps dans tous les cabinets de médecins de France.
«Là on peut voir la tumeur qui fait 8 centimètres de diamètre. Quand on a vu ces images pour la première fois, on ne pensait pas que c’était possible d’avoir quelque chose comme ça dans la tête», raconte Nima Rakhodai, le mari de Laetytia Rakhodai, l’une des victimes de ces traitements.
Invalide à 80%
Et pour cause, en 2019, Laetytia est informée que la cause de ses maux de tête incessants est une tumeur au cerveau. Après de nombreux examens, des spécialistes ont expliqué à cette femme de 36 ans que l'origine de sa tumeur pourrait être la prise d'un médicament progestatif, le Luteran, qui lui avait été prescrit depuis 2011 pour soigner son endométriose. Pour retirer la tumeur, une opération risquée est nécessaire, et Laetytia en ressort invalide à 80%.
«Le laboratoire et les autorités de santé devaient informer, dès lors qu’une suspicion, dès lors qu’un début de risque avait été identifié. À compter des années 2005-2008, les informations sont connues mais il faudra en réalité des années et des années pour que ces informations soient portées à la connaissance des patientes et surtout de leurs médecins», détaille Me Charles Joseph Oudin, avocat spécialiste des questions de santé.
À force de séances de kynésithérapie et d’orthophonie au quotidien, Laetytia a fait le choix de s’accrocher à la vie pour son mari et son fils de 13 ans, mais aussi pour mener son combat judiciaire. En France, 450 femmes sont prêtes à se tourner vers la justice.