L'épidémie de dengue s'accélère en Guyane. Depuis le début de l'année 2024, près de 3.000 cas ont déjà été confirmés. Selon les autorités, la propagation de la maladie n'avait pas atteint cette ampleur depuis «une vingtaine d'années».
Avec 800 nouveaux cas déclarés en moyenne par semaine, la Guyane est confrontée à sa plus importante épidémie de dengue depuis vingt ans. La propagation de la maladie a commencé à la mi-2023 et s'est accélérée début janvier, avec 2.996 malades déjà recensés en 2024.
En comparaison, 5.800 cas confirmés de dengue ont été confirmés sur la totalité de l'année 2023. Dans les zones tropicales et intertropicales comme la Guyane, les épidémies reviennent tous les trois à cinq ans. Les vagues virales sont plus ou moins intenses et durent généralement douze à dix-huit mois.
Ce virus est transmis par les moustiques Aedes et peut provoquer des hémorragies ou des syndromes de choc dans les cas les plus graves. Aucun vaccin n'est recommandé par la Haute autorité de santé (HAS) contre la maladie.
#Prévention | Ensemble limitons la propagation du virus de la dengue en adoptant des gestes simples :
▫️Éliminez les gîtes larvaires
▫️Protégez-vous avec des répulsifs
▫️Utilisez des moustiquaires
▫️Portez des vêtements longs pic.twitter.com/1ARGcEux3j— Préfet de la région Guyane (@Prefet973) February 7, 2024
L'intensification de l'épidémie est notamment favorisée par la saison des pluies, qui multiplie les zones d'eau stagnante et donc les gîtes larvaires. La situation est également aggravée par le fait que deux génotypes de la dengue sur les quatre existants circulent en même temps.
La semaine dernière, l'infection a généré «8 à 10% d'activité en plus» pour les urgences des hôpitaux de Kourou et Cayenne. Le préfet, Antoine Poussier, a indiqué qu'une cellule de suivi associant les services de l'Etat et la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) a été activée le 6 février dernier, «pour freiner cette dynamique autant que possible».
Des moyens alloués à la démoustication
Il a notamment signé un arrêté pour accélérer le retrait des nombreux véhicules hors d'usage qui encombrent les bords de route en Guyane. Ils «constituent des gîtes à moustique facilitant la propagation de la dengue».
La CTG a également promis d'«augmenter ses moyens humains et matériels» en matière de démoustication. Son président, Gabriel Serville, a évoqué une «épidémie d'une ampleur que nous n'avons pas connu depuis une vingtaine d'années».
Les travaux de l'Institut Pasteur montrent que les épidémies de dengue sont de plus en plus rapprochées et denses. La pression démographique est notamment en cause, sachant que la Guyane compte aujourd'hui 300.000 habitants.
Le changement climatique est également en cause d'après le directeur de l'Institut Pasteur de Cayenne, Christophe Peyrefitte, qui explique que la maladie «gagne du terrain, notamment dans le sud de l'Europe depuis l'arrivée du moustique tigre».