Une femme a donné naissance à une petite fille, ce lundi 6 novembre, grâce à la greffe de l’utérus de sa soeur, réalisée un an plus tôt à l’hôpital Foch de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, révèle Le Parisien. Il s’agit du troisième bébé né de cette manière en France.
Une prouesse médicale. Le 17 septembre 2022, les médecins réalisaient un exploit médical. Ils parvenaient à retirer l’utérus d’Aurélie, la grande soeur d’Anaïs, déjà mère de deux enfants, pour le greffer à sa cadette, privée de cet organe reproducteur depuis sa naissance en raison d’un syndrome de Rokitansky, une maladie qui touche une femme sur 4.500 en France. La jeune femme a ainsi donné naissance, un an plus tard, ce lundi 6 novembre, à la petite Léonie, troisième enfant français né à partir d’une greffe d’utérus.
C’est une opération complexe et risquée à laquelle se sont livrés les médecins de l’hôpital Foch, à Suresnes, en septembre 2022. Avant l’opération, les ovocytes d’Anaïs avaient été ponctionnés, mis en fécondation avec le sperme de son mari et l’un des embryons congelés a été implanté à la future mère, afin de tenter de lui offrir la chance de réaliser son rêve : devenir maman. Il a suffi d’un essai pour que cette esthéticienne tombe enceinte, avec un accouchement par césarienne prévu pour ce 6 novembre 2023.
La troisième naissance en France issue d'une greffe d'utérus
Réalisée par le professeur Jean-Marc Ayoubi, célèbre spécialiste de gynécologie obstétrique et de médecine de la reproduction, la greffe, puis l’accouchement est seulement le troisième en France, après celui de Déborah qui donnait naissance au petit Misha en 2021, puis à un second enfant deux ans plus tard, et la greffe d’Océane, 30 ans, qui a reçu l’utérus de sa mère, Gaëtane, 27 ans de plus, le même jour que la naissance de la petite Léonie.
«On a conscience que c’est un petit miracle», raconte Anaïs pour Le Parisien. Un avis partagé par le professeur : «Je n’aurais jamais pensé que ces greffes soient une telle réussite», a-t-il confessé. De quoi réitérer l’exploit régulièrement à l’avenir ? Pas encore, selon Jean-Marc Ayoubi. «On n'en est pas encore là, mais on a démontré que c’est possible. On espère faire deux greffes supplémentaires l’an prochain», détaille le spécialiste.
Des critères de sélection drastiques
Et pour cause, le protocole est encore très complexe, avec des critères de sélection drastiques. Sur les 460 candidates françaises, seule une trentaine a été sélectionnée. Moins de 38 ans, non fumeuse, avec une fonction ovarienne normale. La liste est longue et l’opération de 18 heures si complexe et novatrice qu’elle nécessite quatre répétitions générales.
Mais le résultat est au-delà des espérances. Depuis le premier bébé après une greffe utérine en Suède en 2014, une cinquantaine a vu le jour dans le monde : 75 % des transplantations ont été un succès et 80 % d’entre elles ont donné lieu à une naissance. «Le taux de réussite est deux fois plus élevé que pour une simple fécondation in vitro», s’étonne le gynécologue qui devra trouver une explication scientifique à cette curiosité.