Ce mercredi 18 octobre, l'Inserm a publié une étude établissant un lien «modéré» entre les leucémies pédiatriques et la présence de vignes traitées à proximité du lieu de résidence de l'enfant malade. Le risque augmente en fonction de la surface de culture.
Les pesticides sont suspectés depuis longtemps d'être un facteur de risque de cancers pédiatriques, et plus particulièrement de leucémies. Ce mercredi 18 octobre, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié une nouvelle étude dans laquelle les scientifiques font le lien entre le fait d'habiter à proximité de vignes et le développement de leucémies chez les moins de 15 ans.
Deux résultats principaux ont été dégagés : d'abord, la présence de vignes à moins de 1.000 mètres de l'adresse de résidence ne suffit pas à elle seule pour accroître le risque de développer une leucémie. D'après les données, cette proximité n'est pas plus fréquente chez les enfants malades (9,3%) que chez ceux du groupe témoin (10%).
Une étude #Inserm s’intéresse au lien entre le risque de #leucémie pédiatrique et le fait d’habiter près de #vignes
Résider à - de 1000 m de vignes ne semble pas être un facteur de risque
Le risque augmente avec la densité de vignes à - de 1000 m
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En revanche, les chercheurs ont identifié un lien entre le fait de contracter une leucémie de type «lymphoblastique» et «l'étendue de la surface couverte par les vignes, dans ce périmètre de 1.000 mètres autour de l'adresse des enfants». «En moyenne, pour chaque augmentation de 10 % de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1.000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique augmente de près de 10%», écrit l'Inserm.
Cette augmentation a été jugée «modérée» mais suffisante pour «inciter» l'équipe à «poursuivre [ses] travaux» d'après Stéphanie Goujon, l'une des chercheuses. Jusqu'ici, les études concernant l'association entre pesticides et cancers pédiatriques s'intéressaient surtout à l'exposition in utero, professionnelle ou domestique, et les recherches consacrées à la potentielle menace pesant sur les riverains de parcelles agricoles traitées n'avaient donné lieu qu'à «des résultats hétérogènes», selon l'Inserm.
Ce, notamment à cause «de la difficulté à obtenir des données fiables sur la localisation exacte de la résidence des enfants, l’étendue et la localisation des parcelles agricoles, le type de culture cultivée sur ces parcelles, l’utilisation de pesticides sur ces parcelles et le cas échéant la quantité et le type de pesticides utilisés».
3.711 enfants malades entre 2006 et 2013
Dans le cadre de cette étude du programme GEOCAP, réalisée en collaboration avec Santé publique France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et l'Institut national du cancer (INCa), les chercheurs de l'Inserm se sont appuyés sur les données du Registre national des cancers de l'enfant sur la période 2006-2013. Ils ont estimé «la présence et la surface de viticulture autour de l’adresse de résidence des 3.711 enfants de moins de 15 ans atteints de leucémie en France métropolitaine sur cette période».
A titre de comparaison, la même estimation a été réalisée pour 40.196 enfants non malades du même âge, formant le groupe témoin. Ceux-là ont été sélectionnés «pendant la même période, à partir de bases de données fiscales (FIDELI) pour être représentatifs de la population métropolitaine de moins de 15 ans».
Les scientifiques se sont d'abord concentrés sur la leucémie car il s'agit d'une maladie rare chez l'enfant, avec une incidence «de l'ordre de 45 cas pour 1 million» par an. Elle représente environ 30% de tous les cancers pédiatriques, avec 80% de leucémies lymphoblastiques et 20% de leucémies myéloïdes. Les résultats de cette étude ne concernent que les premières puisqu'«aucune augmentation du risque n'a été retrouvée pour les leucémies myéloïdes».
De la même manière, les chercheurs expliquent avoir commencé par l'étude de la viticulture car c'est «une culture pérenne», «clairement identifiable» et soumise à «de nombreux traitements phytosanitaires». Des analyses concernant «d'autres cultures» et types de cancers sont toutefois déjà «en cours».