Dénonçant une «injustice sociale», le PCF prévoit de soumettre une proposition de loi à l'Assemblée nationale afin de rembourser à 100% tous les frais supportés par les malades atteints d'un cancer du sein.
Reconnu comme affection de longue durée (ALD), le cancer du sein ouvre droit à une prise en charge à 100%, mais cela ne veut pas dire que tout est remboursé. Déplorant les nombreux frais annexes supporté par les malades, notamment en matière de soins supports et post-opératoires, le député communiste Fabien Roussel va déposer une proposition de loi pour un remboursement total.
En pleine campagne d'Octobre rose, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et Yannick Monnet, député de l'Allier, travaillent à un texte qu'ils comptent présenter à l'Assemblée nationale début novembre. Ils estiment que les soins non remboursés, dits «de confort» sont en réalité «essentiels pour affronter le cancer du sein».
Parce que ces soins dit "de confort" sont des soins essentiels pour affronter le cancer du sein, je déposerai avec mon collègue @YannickMonnet3 une proposition de loi demandant le remboursement à 100% de tous les soins nécessaires !#OctobreRose
https://t.co/wxKZZCmxTG— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) October 6, 2023
Le PCF entend ainsi s'attaquer à «une injustice sociale», soulignant que les dépenses non remboursées dans le cadre d'une hospitalisation, tels que «les frais de transport, les soins supports (baumes, perruques, soutiens gorges spécifiques etc.), les séances post-opératoires de kiné font s'envoler la facture et sont inaccessibles aux femmes les plus précaires».
Comme l'explique l'association Rose up, la prise en charge à 100% au titre de l'ALD «n'est pas calculée sur le coût réel des soins» mais sur la base du tarif des remboursements fixé par la Sécurité sociale. Ce pourcentage ne s'applique donc «qu'aux dépenses liées au protocole de traitement du cancer» mais «pas à celles liées aux examens et soins réalisés en dehors».
Dépassements d'honoraires et franchise médicale
Une participation financière est notamment déduite des remboursements pour les consultations, médicaments et déplacements. Il s'agit de la participation forfaitaire de 1 euro et de la franchise médicale, dont seuls les mineurs, les femmes enceintes à partir du 6e mois de grossesse et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ou de l'Aide médicale de l'Etat sont exemptés.
Parmi les frais annexes figurent aussi le forfait hospitalier, le supplément éventuel pour une chambre particulière, les dépassements d'honoraires, les soins à domicile ou encore la différence entre le tarif remboursé par l'Assurance maladie et le prix de vente pratiqué par les fournisseurs pour les dispositifs médicaux tels que les prothèses.
Par exemple, les perruques de classe 1 (en fibres synthétiques) sont remboursées intégralement, avec un prix de vente limite au public de 350 €. Mais celles de classe 2, constituées de cheveux naturels à au moins 30%, sont remboursées à hauteur de 250 € alors que le prix de vente limite au public est fixé à 700 €.
456 à 1.391 euros de reste à charge
Les crèmes censées apaiser la peau après une séance de radiothérapie ou les vernis anti-uv pour éviter la perte des ongles ne sont pas remboursés non plus, pas plus que les soutiens-gorges post-opératoires, conçus spécialement pour accueillir une prothèse externe transitoire en cas de mastectomie (l'ablation du sein, ndlr).
Ces frais annexes peuvent être totalement ou partiellement remboursés par la mutuelle complémentaire, s'il y en a une. Dans une étude publiée en 2016, la Ligue contre le cancer avait estimé à 456 euros le reste à charge moyen pour une femme atteinte du cancer du sein après une mastectomie et à 1.391 euros après une reconstruction mammaire. Dans ces conditions, 14% des femmes ayant subi une ablation renoncent à la reconstruction pour des raisons financières.
Le PCF estime que «le coût porté par les patientes est lourd» et rappelle que de nombreuses Françaises sont confrontées à ces difficultés. Le cancer du sein est à la fois le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme, avec 61.214 nouveaux cas diagnostiqués en France métropolitaine au mois de juillet 2023 selon la Ligue contre le cancer. Dépisté tôt, il laisse toutefois de bons espoirs de rémission, avec un taux de survie qui reste stable, à 87%.