Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne alors qu’elle était l’une des plus basses du Vieux Continent à la fin du 20e siècle, selon une étude de l'Insee publiée mercredi 14 juin.
Des données alarmantes sur le plan sanitaire. Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne alors qu’elle était l’une des plus basses du Vieux Continent à la fin du 20e siècle, selon une étude de l’Insee publiée ce mercredi 14 juin.
[#Mortalité]
Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne de l’Union européenne
https://t.co/eU3FdhdDXL pic.twitter.com/pDpSkJM64i— Insee (@InseeFr) June 14, 2023
Placée en troisième position des pays européens à la mortalité infantile la plus faible en moyenne entre 1996 et 2000, la France se retrouve aujourd’hui au 20e rang de ce classement. Sur cette période, la baisse de la mortalité infantile a été de 20% seulement, soit l’une des plus faibles d’Europe.
La Roumanie est le pays européen qui connait la plus nette amélioration, passant d’un taux de mortalité infantile de 22,3 ‰ en 1996, à 13,9 ‰ en 2006 puis à 5,6 ‰ en 2020. Outre la Roumanie, d’autres nations européennes comme Chypre, la Hongrie la Bulgarie, la Pologne et les trois pays baltes suivent cette voie, avec une diminution de la mortalité des enfants supérieure à 60% sur la même période.
Le taux de mortalité infantile stagne en France depuis 2005
Depuis 2005, le taux de mortalité infantile varie entre 3,5 ‰ et 3,9 ‰. En 2021, 2.700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 3,7 décès pour 1.000 naissances vivantes. Bien qu’historiquement bas, ce taux ne baisse plus depuis 2005 et il est même remonté légèrement entre 2014 et 2017.
Selon les données détaillées fournies pour 2021, près de la moitié des enfants morts avant leur un an ont péri la première semaine de leur existence, contre un quart entre 7 et 27 jours de vie et un quart après 27 jours de vie. Cette tendance des morts de nouveau-nés dès les premiers jours de vie est à la hausse : 65% de la mortalité infantile était néonatale en 2005 contre 74% en 2021.
Des pistes avancées pour expliquer cette dynamique
Pour expliquer cette recrudescence de la mortalité infantile dans l’Hexagone, l’Insee avance la thèse de la hausse de l’âge des femmes se présentant à la maternité. Cela a pour effet d’augmenter la part des naissances à risque et de fait, la probabilité de mortalité néonatale.
La part des femmes enceintes en surpoids augmente également. Même si les femmes enceintes fument moins qu’il y a vingt ans, la France reste un pays où la prévalence de tabagisme maternel est forte.
Une étude de la Drees souligne une augmentation importante entre 2014 et 2018 du nombre de femmes ayant choisi de poursuivre leur grossesse malgré la connaissance d’une pathologie grave du fœtus, pour laquelle une interruption médicale de grossesse aurait pu être autorisée en cas de demande.
Des disparités géographiques criantes
En moyenne sur la période 2019-2021, le taux de mortalité infantile est de 3,7 ‰ en France, mais il est différent selon les territoires. Il est plus fort dans les départements d’outre-mer (DOM) : 8,9 ‰ à Mayotte, 8,2 ‰ en Guyane, 8,1 ‰ en Guadeloupe, 7,2 ‰ en Martinique et 6,7 ‰ à La Réunion. En moyenne, il est de 7,7 ‰ dans les DOM, contre 3,5 ‰ en France métropolitaine.
En métropole, le taux de mortalité infantile moyen entre 2019 et 2021 est le plus élevé en Seine-Saint-Denis (5,4 ‰). Les auteurs de l’étude avancent les arguments d’une moins bonne santé des mères et un moindre recours aux soins de santé.
Il est supérieur à 5,0 ‰ dans trois autres départements : le Jura, l’Indre-et-Loire et le Lot. Trois régions de France métropolitaine ont un taux de mortalité infantile supérieur à la moyenne nationale : l’Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est. A contrario, il est inférieur ou égal à 3,0 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les Pays de la Loire.