Emmanuel Macron a présenté ses vœux aux soignants depuis l’hôpital de Corbeil-Essonnes (91), ce vendredi 6 janvier, dans le contexte d’un secteur médical sous tension. Réorganisation du travail, fin de la tarification à l’acte ou encore lutte contre les déserts médicaux, le président de la République a dévoilé son plan pour sortir le système de santé de «ce jour de crise sans fin».
Rebâtir le système de santé que notre pays mérite. Après des traditionnels remerciements et un mot pour l’effort réalisé dans la période du Covid-19, Emmanuel Macron a adressé ses vœux aux acteurs de la santé, et annoncé de grands changements «sur la décennie à venir» avec un objectif prioritaire : dégager du temps de soin aux soignants, redonner du sens aux métiers de la santé, et revaloriser le travail à l’hôpital ou en médecine de ville. Le détail des annonces.
Recrutement de personnels
«Je sais l’épuisement collectif et personnel». Le discours du président de la République a commencé par une grande promesse : celle de consolider le recrutement de personnels ciblés. Pour ce faire, Emmanuel Macron a annoncé le recrutement de 6.000 assistants médicaux (pour atteindre les 10.000 d’ici à la fin de l’année) afin de délester les soignants des tâches administratives et logistiques pour qu’ils puissent se concentrer sur la médecine et les soins.
D’autre part, le président a promis une augmentation du recrutement des personnels infirmiers, notamment en revalorisant les salaires pour recréer de l’attractivité.
Réorganisation du travail à L'hôpital
C’est l’une des grandes annonces du président de la République. Emmanuel Macron a dressé un constat lucide sur l’organisation archaïque du système de santé, et plus particulièrement de l’hôpital public avec «trop de contraintes» et une gestion du temps de travail inadaptée aux réalités du métier.
Dans le détail, Emmanuel Macron a promis de «remettre à plat» l’ensemble de l’organisation de l’hôpital d’ici au mois de juin 2023 pour rebâtir un système plus cohérent en donnant de la liberté aux services pour «organiser leurs propres plannings et leurs temps de formation». Tout ceci dans le but de créer des «unités organiques» pour replacer les services à une échelle humaine.
Il a également annoncé vouloir rompre avec l’hyper-rigidité de l’application des 35 heures, qui débouche sur un système «qui ne fonctionne qu’avec des heures supplémentaires, pas toujours payées dans les temps».
Fin de la tarification à l’acte
Emmanuel Macron également évoqué les questions de financement avec une autre promesse : la sortie de la tarification à l’acte (T2A) dès le prochain budget de la Sécurité sociale. Pour ainsi dire, le président de la République souhaite en finir avec une rémunération liée à l’acte médical pour tendre vers une rémunération liée à des objectifs de santé publique que l'on «négocie à l'échelle d'un territoire».
Il veut ainsi mettre plus de justice pour limiter la concurrence entre les établissements, notamment avec les établissements privés, et pour que les soins non programmés ou les soins qui nécessitent un temps long ne soient plus lésés au détriment d’autres actes médicaux. Cette volonté s’inscrit également dans l’optique globale de redonner du temps de soin aux médecins, pour une gestion plus qualitative que quantitative.
Lutte contre les déserts médicaux
C’est l’un des fléaux de notre système de santé, de plus en plus de territoires sont délestés d’offres de soins, qu’il s’agisse d’hôpitaux ou de médecins de ville, et un certain nombre de Français, notamment dans les territoires ruraux, éprouvent des difficultés pour se soigner. Pour lutter contre ce phénomène, le président de la République a annoncé qu’il allait «concentrer tous ses efforts y compris financiers», pour mettre des médecins de ville dans tous les territoires et les bassins de vie.
À travers une revalorisation salariale globale, non basée sur la tarification, comme le réclament certains médecins généralistes en grève ces derniers jours, Emmanuel Macron entend redonner de l’attractivité à la médecine de ville et «rompre avec le cloisonnement ville-hôpital» pour proposer une offre de soin généralisée et présente sur tout le territoire.
Emmanuel Macron veut ainsi «mieux rémunérer» les médecins de ville qui assurent la permanence des soins et «prennent en charge des nouveaux patients», afin que les Français «trouvent facilement un médecin de garde».
Par ailleurs, tous les patients souffrant d'une maladie chronique et ne disposant pas, à l'heure actuelle, d'un médecin traitant s'en verront proposer un «avant la fin de l'année», a annoncé vendredi Emmanuel Macron. «On a 600.000 patients avec des maladies chroniques et qui n'ont pas de médecins traitants et ça c'est un vrai problème», a déploré le chef de l'Etat.
Favoriser le logement et les déplacements des soignants
Enfin, le président de la République a dressé un constat observé dans plusieurs régions, notamment en Île-de-France où le prix des loyers et les offres de transports ne permettent pas aux soignants de travailler dans des conditions optimales, avec des déplacements souvent très longs, et un salaire trop faible pour se loger, malgré les récentes augmentations obtenues grâce au Ségur de la santé.
Pour répondre à cette problématique, Emmanuel Macron a annoncé la création de parcs de logements dédiés pour les soignants, à proximité de leur lieu de travail, et d’un accompagnement pour les offres de transport.