Le 24 juin dernier, l’Anses avait publié un rapport sur certains modes de transmission de la variole du singe. Selon l’agence, un manque de précaution peut amener à une contamination théorique dans les lieux de restauration. Explications.
Les restaurateurs devront-ils redoubler de vigilance ? Selon un rapport publié le 24 juin dernier par l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, la variole du singe pourrait se transmettre dans les établissements de restauration, si ces derniers ne respectent pas les pratiques d’hygiène habituelles.
Concrètement, le risque reste théorique dans la mesure où les professionnels sont soumis à des règles strictes. Pas de quoi céder à la paranoïa, donc, même si rien ne peut être formellement écarté. «La contamination des denrées alimentaires par un manipulateur malade ne peut être exclue», écrit ainsi l'Anses.
«Un humain excréteur du virus peut contaminer les aliments par contact avec des mains souillées (par exemple en présence de lésions) ou dans le cas de mauvaises pratiques d’hygiène (excrétions oro ou naso pharyngées). Les experts du GECU (Groupe d'expertise collective d'urgence de l'agence, NDLR) n’excluent pas une possible contamination fécale en cas d’hygiène insuffisante des mains», poursuit l'Anses qui se veut prudente.
«Une étude a par ailleurs montré que du matériel génétique du MPXV (abbréviation de monkeypox virus) pouvait être retrouvé dans les produits de régurgitation/défécation de mouches s’étant posées, ou nourries de fèces de chimpanzés infectés naturellement», rapporte encore le document publié par l’Anses.
L’agence recommande donc aux établissements d’être particulièrement vigilants sur le processus d’hygiène, pour limiter la transmission du virus : «Les bonnes pratiques d’hygiène habituellement en place (lutte contre les insectes et les nuisibles) sont suffisantes pour éviter la contamination théorique des aliments par cette source», peut-on toujours lire par la suite.
Les ustensiles de cuisine facilement désinfectables
Lors d’une interview accordée à Sciences & Avenir, l’Anses a donné quelques conseils supplémentaires sur le nettoyage et la désinfection des ustensiles potentiellement infectés par la variole du singe.
Des produits standards peuvent être utilisés, à condition de respecter «les doses et temps d’action prévus par le fabricant pour obtenir une activité virucide».
«Les traitements virucides, par exemple ceux qui mentionnent la norme EN 14476 (produits testés sur des virus enveloppés et ceux non-enveloppées) sont donc efficaces aux doses et temps d’action mentionnés», a déclaré un porte-parole de l'agence.
En définitive, le risque d'être contaminé à la variole du singe dans un restaurant apparaît extrêmement faible. S'appuyant sur divers avis d'experts, l'Agence France-Presse explique que l'infection des cas initiaux résulte d'un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d'animaux infectés.
En l'état actuel des connaissances, la transmission secondaire - c'est-à-dire interhumaine - nécessite un contact étroit et prolongé entre deux personnes, et se fait principalement via la salive ou le pus des lésions cutanées formées au cours de l’infection.
Concernant la résurgence actuelle, plusieurs experts ont souligné que si ce virus pouvait être attrapé pendant une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible. Cette transmission pourrait être due aux contacts intimes et rapprochés lors de rapports sexuels et non pas par le rapport sexuel en soi.