Inquiet de voir les services d'urgences fermer leurs portes, le président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers, Patrick Pelloux, donne l'alarme. Il juge la situation de l'hôpital public «catastrophique».
Il demande aux pouvoirs publics de réagir. «Nous sommes en pleine tempête» et l'hôpital public est menacé de naufrage. Alarmé, le président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, Patrick Pelloux, met en garde face à une situation qu'il juge «catastrophique». Une centaine de services d'urgences français ont selon lui été contraints de fermer ou de réduire leur activité, notamment la nuit.
Les CHU, particulièrement fragilisés par la pandémie, sont confrontés à un manque criant de personnels. Interrogé par Ouest-France, l'urgentiste parle d'un «grand renoncement» de la part des salariés des hôpitaux, qui «ont été un peu abandonnés après avoir énormément travaillé». Récemment, c'est le CHU de Bordeaux (Gironde) qui a été contraint de limiter les accès à son service d'urgences uniquement via le Samu.
Le système est complètement «déstabilisé» et le Ségur de la santé, censé améliorer les conditions de travail des soignants, «a été sans effet», selon Patrick Pelloux. L’augmentation de salaire proposée, de 183 euros par mois, «ne rattrapait même pas la baisse de pouvoir d’achat des vingt dernières années», développe le médecin.
Les pouvoirs publics mis en cause
Aussi, l'effondrement de l'hôpital public n'est pas le fait des personnels, selon lui. Il blâme plutôt «les pouvoirs publics, qui veulent créer une situation de chaos pour fermer des structures».
A l'approche d'un été qu'il pressent «atroce» et marqué par «des décès inopinés et involontaires dans les structures», Patrick Pelloux appelle à une refonte du système. La formation des soignants doit être repensée, de même que le management hospitalier, aujourd'hui «archaïque» et reposant «sur l'humiliation».
L'urgentiste juge nécessaire de réintégrer les soignants non-vaccinés pour faire face à l'urgence et recommande de mettre en place une obligation de garde «pour tous les médecins, y compris des cliniques privées». Patrick Pelloux demande aussi que le travail de nuit et les gardes soient valorisés en «créant une égalité de salaire pour tous» et en doublant la rémunération des gardes de nuit.