Selon les conclusions des travaux d’un médecin anglais, l’humour déplacé ou de mauvais goût serait un «symptôme de démence imminente».
Les chercheurs savaient que les familles constataient presque toutes des changements du sens de l’humour des patients déments avant que leur diagnostic soit définitivement établi. Le Dr Camilla Clark, de l’University College de Londres, a voulu en avoir le cœur net et a mis au point un protocole pour apprécier si oui ou non les blagues cyniques ou totalement absurdes pouvaient être considérées comme des symptômes.
Dans le Journal of Alzheimer’s Disease, elle a décrit comment elle avait recrutés 48 patients atteints de démence fronto-temporale, démence qui se manifeste par une modification progressive du caractère des «bonnes manières». Elle a demandé à leurs familles et amis d’évaluer le plaisir qu’ils avaient en visionnant des comédies bon enfant, comme Mr Bean, et des films plus déplacés, comme ceux des Monty Python. Et là, surprise, les patients déments étaient bien plus nombreux à préférer l’humour des Monty Python que les autres sujets du même âge en bonne santé.
Sa femme s'ébouillante, il rit
Toutes les personnes interrogées ont par ailleurs confirmé au médecin qu'ils avaient remarqué un changement dans l'humeur de leur proche jusqu’à neuf ans avant le diagnostic. Changements de comportement qui se manifestaient selon eux par un cynisme exacerbé et des éclats de rires dans des circonstances tragiques. Cet humour déplacé va même jusqu’au mauvais goût relève le Dr Clark, « Comme cet homme qui riait alors que sa femme s’ébouillantait ».
Si la perte de mémoire est un des symptôme de la démence les plus simple à détecter, les scientifiques s’accordent à dire qu’il en existe en réalité une myriade. Cette étude, si elle peut faire sourire, en est un exemple. D'après l’OMS, 47,5 millions d’individus seraient victimes de démence dans le monde. Ce type de pathologies neurodégénératives – dont fait partie la maladie d’Alzheimer - toucherait 7% des plus de 65 ans et 40% des plus de 85 ans. Si 7,7 millions de nouveaux cas sont répertoriés chaque année, la tendance serait toutefois à la stabilité en Europe occidentale.