Visé par la justice et devancé dans les sondages, l’ancien Premier ministre reste convaincu de pouvoir accéder au second tour. Une mission délicate.
Il suit son instinct. Alors que sa campagne avance sous forme de montagnes russes, au gré des affaires, François Fillon croit toujours en ses chances. Annoncé troisième dans les intentions de vote, le candidat de la droite, ciblé par l’ensemble de ses adversaires, entend s’appuyer sur plusieurs signaux favorables.
Misant sur son programme, il est persuadé de pouvoir convaincre les Français qu’il incarne l’alternance. Avec, pour objectif, de créer la surprise dans le sprint final.
Jouer sur sa détermination
Après avoir plongé dans les sondages, avec sa triple mise en examen, François Fillon a stoppé l'hémorragie. Crédité à présent de 18,5 % (Ifop) des intentions de vote, il se positionne ainsi toujours dans le trio de tête, derrière Marine Le Pen (24,5 %) et Emmanuel Macron (24 %).
La raison : son électorat solide et fidèle. En effet, 75 % des personnes ayant l’intention de voter pour le candidat de la droite (Cevipof) se disent sûres de leur choix. A titre d’exemple, le socle de Benoît Hamon est plus fragile, à 52 %. Plusieurs personnalités à droite n'hésitent pas à évoquer l’idée «d’un vote caché», et pensent que les sondages sous-estiment leur champion.
Des indices sur lesquels François Fillon compte s’appuyer pour se relancer. Il entend également faire de sa détermination en un avantage décisif. Ainsi, selon une étude de l’Ifop publiée avant le dernier débat, le candidat de la droite est vu comme celui ayant le plus une stature présidentiable (27 %). Une image qu’il aime entretenir : «Je sais ce que veut dire diriger l’Etat avec méthode et sang-froid, sans trembler devant les obstacles», a-t-il ainsi affirmé récemment. En témoigne aussi son nouveau slogan, «Une volonté pour la France».
En passant à l’offensive sur le fond, François Fillon est donc convaincu de pouvoir mobiliser les électeurs au dernier moment, comme lors de la primaire. Il compte notamment sur son grand meeting de dimanche prochain Porte de Versailles à Paris, où 10 000 militants sont attendus, pour démontrer que ses soutiens répondent bien présent.
Une situation délicate
Dans le même temps, s'il se maintient, certains de ses adversaires progressent dans le même temps dans les sondages, à l'instar de Jean-Luc Mélenchon, qui le talonne (16,5 %). Lors des précédentes présidentielles, «le candidat en troisième position à quinze jours du vote n’a jamais réussi à remonter», rappelle même le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi.
En cause, selon lui : un éparpillement des voix. «La droite en France ne pèse pas 19 %. Son enjeu est de rassembler cet électorat», assure le spécialiste. Pour se faire, François Fillon devra donc convaincre les sceptiques. Or, selon un sondage Yougov paru hier, seuls 13 % des Français disent avoir une bonne opinion de lui, contre 38 % pour Emmanuel Macron.