Désigné candidat du Parti Socialiste pour l'élection présidentielle, Benoît Hamon peut mesurer le chemin parcouru, alors que peu misaient sur lui il y a encore quelques mois.
A 49 ans, celui que les cadres du Parti Socialiste aimaient surnommer «petit Ben» a bien grandi. Jusqu'à imposer au Parti Socialiste le retour à une ligne politique revendiquée «de gauche». Un aboutissement pour celui qui avait claqué la porte du gouvernement de François Hollande, alors qu'il était ministre de l'Education, en août 2014. Avec Arnaud Montebourg, il incarnait alors le mouvement des «frondeurs» socialistes, qui estimaient que la politique économique (la loi Travail, notamment) et sécuritaire (illustrée par le projet de loi sur la déchéance de nationalité) menée par le gouvernement dirigé par Manuel Valls s'était éloignée de l'identité du Parti Socialiste.
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Benoît Hamon apparaît ainsi comme un homme de convictions. Né le 26 juin 1967 à Saint-Renan (Finistère), titulaire d'une licence d'Histoire, il n'est pas passé par l'ENA ou les grandes écoles. Mais il s'est lancé très tôt dans le militantisme : il rejoint SOS Racisme à l'adolescence, avant d'adhérer au Parti Socialiste en 1987, à l'âge de 20 ans. Il s'engage alors notamment pour Michel Rocard, dont il est resté fidèle aux idées : l'ancien premier ministre avait notamment été l'un des premiers à défendre l'idée d'un revenu universel.
Un déçu de François Hollande
Son ascension au sein du parti sera fulgurante : en 1993, à 26 ans, il prend la tête du mouvement des jeunes socialistes. Il joue ensuite un rôle actif dans la campagne de Lionel Jospin à la présidentielle en 1995. En 2003, il participe avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon à la création du Nouveau Parti Socialiste (NPS). Après avoir rejoint le cabinet de Martine Aubry, il est nommé porte-parole du PS en 2008. Avant son entrée au gouvernement en 2012 (ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, puis ministre de l'Education).
Après avoir quitté le gouvernement en 2014, il rejoint les frondeurs du PS à l'Assemblée, en tant que député des Yvelines. Il apparaît alors comme l'un des principaux opposants à la loi El Khomri et à la loi Macron.
C'est en misant sur un programme très à gauche et en axant sa campagne sur l'idée du revenu universel que Benoît Hamon est parvenu à s'imposer dans la campagne des primaires, profitant également du désistement de François Hollande et du rejet dont à fait l'objet Manuel Valls de la part d'une partie des électeurs socialistes.
Mais pour lui, le plus dur reste à venir. Benoît Hamon devra convaincre les électeurs de gauche séduits par Jean-Luc Mélenchon de revenir vers le Parti Socialiste. Et il devra affronter à sa droite un autre candidat incarnant le renouveau politique à l'oeuvre dans le paysage politique français : Emmanuel Macron.