Après avoir présenté une nouvelle version de la loi travail, le gouvernement espère faire voter le texte le plus rapidement possible.
Manuel Valls veut passer la vitesse supérieure, tout en tachant de rallier le plus de monde à ses côtés. Il a ainsi rappelé mardi matin sur RMC qu'il ne souhaitait pas avoir recours à «l'arme constitutionnelle» du 49.3, privilégiant plutôt «convaincre».
Le gouvernement entend donc maintenir son cap, avec une transmission de la nouvelle version du texte au Conseil d'Etat ce mardi, avant la présentation en conseil des ministres prévue le 24 mars prochain. La ministre du Travail Myriam El Khomri a tablé sur un examen dans l'hémicycle «début mai», pour un vote «avant l'été». Une marche rapide essentielle, insiste-t-elle, «car nous avons besoin de donner un nouveau souffre dans notre pays».
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D'autant qu'à un an de la présidentielle, le calendrier s'accélère. La majorité souhaite, à l'approche du scrutin, s'afficher rassemblée. Preuve que les réticences sont tombées, parmi les députés socialistes, Christophe Sirugue, qui était pressenti pour être le rapporteur du projet de loi, a finalement donné son accord mardi et dit «soutenir» la nouvelle mouture.
Le gouvernement pressé par sa gauche
Au sein de l'exécutif, Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, a salué le nouveau projet, «le meilleur accord qu'on pouvait trouver». Il s'est toutefois dit persuadé qu'il aurait été possible de «faire mieux, plus loin et plus fort».
Une amertume que partageait le patronat, à l'issue de la réunion à Matignon, en début de semaine. Alors qu'il se disait satisfait par la première mouture du texte, Pierre Gattaz (Medef) s'est dit «déçu» du projet remodelé. A contrario, la colère des principaux syndicats et des organisations de la jeunesse n'est pas redescendue. Ils appellent ainsi à poursuivre la mobilisation jeudi, et le 31 mars prochain.
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La continuation du mouvement n'est pas sans risque pour l'exécutif, qui fait face à la grogne venue de la gauche de la gauche. Manuel Valls a d'ailleurs reconnu mardi matin être pris en étau : «On a des injonctions qui sont paradoxales et contradictoires. (...) D'un côté, vous avez Jean-Claude Mailly qui dit que nous avons cédé au patronat, de l'autre la CGPME qui dit que nous avons cédé aux syndicats. Non, nous avons bâti un compromis», assure le Premier ministre. Un compromis qui, espère-t-il, permettra à la réforme du travail de voir le jour.