Manuel Valls a vivement dénoncé mercredi les "pratiques inacceptables" d'écoutes par les États-Unis, "un pays ami", à l'encontre de trois présidents français, et réclamé "un code de bonne conduite" entre pays "alliés".
Le Conseil de défense, réuni en fin de matinée autour du président François Hollande, "au-delà des nuances et des avis qui peuvent diverger", a permis de "mesurer et de partager l'émotion et la colère qui, dans un mouvement d'unité, étreignent l'ensemble de la représentation nationale et le pouvoir exécutif face à ces pratiques inacceptables émanant d'un pays ami", révélées dans la presse, a souligné le Premier ministre devant les députés.
"Ces pratiques sont anormales entre Etats démocratiques, alliés de longue date (...) Non, il n'est pas légitime, au nom des intérêts nationaux, de procéder à la surveillance des communications de dirigeants politiques de ses proches alliés et de leurs collaborateurs", a appuyé le Premier ministre. "Non, a-t-il enchaîné, contrairement à certaines spéculations médiatiques, la France ne pratique pas la surveillance et le ciblage des communications des dirigeants politiques de ses partenaires européens ou de ses alliés".
"Une surprise pour personne"
Et Manuel Valls de poursuivre: "lorsqu'on partage des valeurs communes, le respect réciproque de la souveraineté est un principe fondamental pour établir, maintenir et faire prospérer des relations de confiance pour la sécurité de nos peuples respectifs". "Ces pratiques, a-t-il souligné, constituent donc une très grave violation de l'esprit de confiance qui doit nous animer".
"Les Etats-Unis doivent reconnaître non seulement le danger que de tels agissements font peser pour nos libertés mais aussi tout faire et vite pour réparer les dégâts que cela occasionne dans les relations entre pays alliés et entre les Etats-Unis et la France", a lancé également le Premier ministre. Ces révélations ne constituent néanmoins "une surprise pour personne", a-t-il concédé.
"Un code de bonne conduite"
"Le sujet avait déjà été évoqué entre l'été 2013 et le voyage d'Etat du président (Hollande) aux Etats-Unis début 2014. Des explications claires et franches avaient été demandées par les autorités françaises. Des engagements avaient d'ailleurs été pris par nos amis américains. Ils doivent être fermement rappelés et strictement respectés", a relevé Manuel Valls."Il faut sans nul doute aller plus loin encore dans ces engagements, il est souhaitable qu'entre pays alliés un code de bonne conduite soit établi en matière de renseignement et de respect de la souveraineté politique", a souligné le Premier ministre en vantant "l'esprit d'unité nationale".
Fait inhabituel, Manuel Valls s'est exprimé dans une réponse commune aux questions de deux députés, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste, et Jacques Myard, du groupe Les Républicains. "Sur tous les bancs de l'Assemblée, nous condamnons cette pratique détestable, qui est une atteinte évidente à la souveraineté de la France. Les révélations de Wikileaks abîment la confiance" entre la France et les Etats-Unis, a dit Bruno Le Roux. "Lorsqu'on a des amis, on les appelle, on ne les écoute pas", a-t-il lancé.
Précédemment, Jacques Myard avait estimé "qu'il n'y a des révélations que pour les naïfs car de Gaulle nous a appris que les Etats n'ont pas d'amis". "Allez-vous enfin poser à plat les relations franco-américaines en matière d'écoutes, mais aussi d'application extra-territoriale de leurs lois?", a demandé ce député souverainiste à Manuel Valls.