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Le Salon de l'agriculture, terroir politique

Le président François Hollande au salon de l'agriculture, le 21 février 2015. Le président François Hollande au salon de l'agriculture, le 21 février 2015. [STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP]

C’est un passage obligé. Depuis des années, les membres du gouvernement, les représentants de partis et les élus locaux se bousculent dans les allées du Salon international de l’agriculture (SIA), qui se tient jusqu’à dimanche à Paris.

 
Une façon d’apporter leur soutien au monde agricole, et plus largement de valoriser le monde rural, en s’inspirant parfois de Jacques Chirac, toujours très populaire auprès des agriculteurs. L’exercice est crucial en cette année marquée par deux échéances électorales – les départementales, fin mars, et les régionales en décembre –, alors même que cette partie de l’électorat est tentée par les extrêmes.
 
Nicolas Sarkozy a d’ailleurs fait un passage au SIA très remarqué mercredi, en rencontrant Filouse, la vache star du salon, tout en lançant çà et là quelques piques au gouvernement. Le président de l’UMP était suivi quelques heures plus tard par François Fillon et par le président de l’Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone.
 
La veille, les cadres de l’opposition, Bruno Le Maire et Alain Juppé, ainsi que Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, s’étaient prêtés au jeu. Des venues plutôt traditionnelles comparées à celle de Manuel Valls, le même jour, qui n’a pas lésiné sur les dégustations de vin et a même enjambé une barrière pour s’inviter dans une émission de télé.
 
 
Jouer la carte de la proximité
 
"Les politiques profitent de la couverture médiatique du salon pour jouer la carte de l’empathie et de la proximité avec le monde rural. Et tout ça à moindres frais puisqu’ils le font sans quitter Paris", analyse Yves-Marie Cann, de l’institut CSA. Etre à l’écoute des attentes et des craintes du secteur apparaît alors moins comme une stratégie électorale auprès des agriculteurs eux-mêmes – qui représentent seulement 8 % des votants – qu’auprès des habitants en zones rurales.
 
Des territoires où la classe politique actuelle perd parfois du terrain au profit du Front national. Sa présidente, Marine Le Pen, se rend d’ailleurs au salon ce jeudi (comme l’écologiste Emmanuelle Cosse et un jour avant le communiste Pierre Laurent).
 
 
Se défendre face au FN qui monte
 
La crainte est réelle, comme en témoignent les interventions de Manuel Valls et de Nicolas Sarkozy sur le sujet. Le Premier ministre a déclaré que les valeurs des agriculteurs "sont aux antipodes du FN", tandis que le leader de l’UMP a estimé que Marine Le Pen "est un symptôme, pas une solution", sans jamais la nommer. De son côté, la frontiste mise sur le ras-le-bol des exploitants, chez qui elle espère faire mouche avec ses arguments contre l’Europe et l’austérité, en ces temps de difficultés économiques.
 
"Marine Le Pen bénéficie d’une bonne image dans le monde rural, car elle capitalise sur le sentiment de laissés-pour-compte de ces habitants vis-à-vis des pouvoirs publics", souligne Yves-Marie Cann. Et ce phénomène progresse. Lors des municipales de l’an passé, le FN était à 34 % dans les communes rurales (données CSA), contre 22 % à la présidentielle. C’est environ cinq points de plus qu’au niveau national.
 

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