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Doubs : le bureau politique de l'UMP sous haute tension

Alain Juppé a récusé lundi soir le "ni-ni" -ni Front national, ni Front républicain- qu'entend défendre Nicolas Sarkozy. [AFP]

La tâche de Nicolas Sarkozy pour préserver l'unité de son parti et clarifier sa position face au FN, s'est encore compliquée mardi, avant un bureau politique convoqué à 18H00, avec une sortie du bois d'Alain Juppé.

 

Le président de l'UMP entendait défendre le "ni-ni" - ni PS ni FN - après l'élimination de son candidat au premier tour de la législative partielle du Doubs.

Mais après avoir "pris le temps de réfléchir" sur ce résultat qui aboutit à un duel FN-PS, Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, a décidé de rompre son silence car, à ses yeux, le parti de Marine Le Pen est devenu le "principal adversaire politique" de l'UMP.

"Si j’étais électeur de la 4e circonscription du Doubs, je sais ce qu’en mon âme et conscience je ferais: pour barrer la route à une candidate FN qui croit, entre autres choses, +en l’évidente inégalité des races+, je ne m’abstiendrais pas, je voterais pour le candidat qui l’affronte, c’est-à-dire le candidat PS", Frédéric Barbier, écrit-il sur son blog.

Pas question pour autant de "s'engager dans un Front républicain qui scellerait une alliance avec le PS". D'ailleurs, "pour tout dire, je ne suis pas sûr que les citoyens d’aujourd’hui attendent les consignes d’un parti avant d’aller voter. Chacun choisira en son âme et conscience", ajoute l'ancien Premier ministre.

 

Mise en garde d'Alain Juppé

Mais dans un violent réquisitoire contre l'extrême droite, Alain Juppé met en garde les électeurs de droite contre une "arrivée aux responsabilités nationales" du FN, qui "n’apparaît plus tout à fait comme une hypothèse d’école" et qui serait "une catastrophe pour notre pays".

 

- Situation compliquée pour Sarkozy -

 

Cette position de M. Juppé rejoint celle défendue dès lundi matin par la numéro deux de l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle complique un peu plus la tâche de Nicolas Sarkozy, qui espérait parvenir consensus de sa famille politique mardi, soit sur le ni-ni, soit sur le refus de toute consigne de vote.

"Nicolas Sarkozy veut faire un grand rassemblement par rapport à notre formation politique. Après, certains donnent peut-être un coup de canif dans le contrat", a regretté mardi le porte-parole du parti Sébastien Huyghe.

Les opposants à un "front républicain" en faveur du PS (dont Henri Guaino, Bruno Le Maire) semblent cependant tenir la corde. Porte-parole de M. Sarkozy pendant la campagne interne, Gérald Darmanin s'est dit, d'ores et déjà, avant même la réunion du bureau, "très satisfait" que l'UMP ne choisisse pas entre le PS et le FN. Cette position a été théorisée par la précédente équipe dirigeante du parti conduite par Jean-François Copé, a-t-il souligné.

Elle a en outre les faveurs des sympathisants UMP si l'on en croit un sondage Ifop pour Le Figaro et LCI. Selon cette enquête, 67% des sympathisants plaident pour le ni-ni, 19% souhaitent que l'UMP appelle à voter PS et 14% que le parti appelle à voter FN.

Proche de M. Copé, le patron des députés UMP, Christian Jacob, a indiqué qu'il voterait blanc, à l'instar de Laurent Wauquiez.

S'il semble en accord avec sa base, cette cacophonie constitue cependant une nouvelle épreuve pour Nicolas Sarkozy, déjà à la peine pour s'imposer comme leader naturel de son camp depuis son retour sur la scène politique à l'automne et après la séquence d'union nationale post-Charlie.

Le retour de l'ancien président "n'a pas empêché les progrès du FN" (plus de 9 points) et "le plus grave, c'est qu'il n'arrive pas à faire parler le parti d'une seule voix", s'agace un ancien ministre qui souligne que "la seule partielle perdue pour l'UMP est celle qui a eu lieu après l'élection de Nicolas Sarkozy" le 29 novembre.

De leur côté, gouvernement et ténors socialistes ne se privent pas de mettre du sel sur la plaie. "Ne pas voter pour le PS est une faute morale et politique" pour le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui a salué le geste de M. Juppé.

"C'est le grand capharnaüm à l'UMP. Nicolas Sarkozy qui est censé être le président de ce parti n'a décidément aucune autorité", s'est délecté le vice-président du FN, Florian Philippot.

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