La Commission nationale des comptes de campagnes(CNCCFP) a invalidé les comptes de campagne de plusieurs têtes de listes PS aux municipales marseillaises de 2014, dont ceux de l'ex-ministre PS Marie-Arlette Carlotti, au risque de ranimer les tensions entre anciens colistiers.
"La CNCCFP vient de m'informer qu'elle ne validait pas mon compte de campagne. Jamais ma probité n'a été mise en cause. Cette décision repose sur la seule faute professionnelle du cabinet d'expert-comptable", a indiqué Mme Carlotti dans un communiqué.
D'autres têtes de listes PS-EELV des huit secteurs de Marseille sont également dans le collimateur de la Commission. Ceux de Garo Hovsepian, qui conduisait la liste PS dans le 7e secteur, remporté par le FN, ont été également rejetés.
Les comptes de Patrick Mennucci, qui avait conduit la liste PS-EELV et ceux de la sénatrice PS Samia Ghali, seule tête de liste à avoir emporté une mairie de secteur après la défaite de la gauche, ont en revanche été validés.
Les autres têtes de liste concernées n'étaient pas joignables lundi et le candidat EELV Karim Zeribi a indiqué quant à lui ne "pas avoir eu d'information officielle".
"Si je me réjouis que le compte de campagne du secteur de Patrick Mennucci ait été validé, je ne me l'explique pas", note Mme Carlotti battue en mars dans le 3e secteur de la ville. M. Mennucci, battu dans le 1er secteur, a pour sa part confirmé à l'AFP que ses comptes avaient été validés en étant rectifiés de 52 euros, l'erreur portant sur une "faible somme, dans la limite de ce que la commission accepte".
Mme Carlotti se dit "abusée" par l'expert-comptable
Mme Carlotti estime avoir été "abusée" par l'expert-comptable qui, selon elle, "s'est autorisé à modifier la présentation" du compte après la date limite de dépôt, "sans même" l'en avertir. L'expert-comptable avait reconnu, dans une lettre à la Commission "une qualité de travail fortement amoindrie" de son cabinet en raison d'un manque de personnel.
Mais l'ex-adversaire de M. Mennuci aux primaires socialistes, met également en cause son ex-chef de file avec lequel elle est restée à couteaux tirés.Dans le 3e secteur, "les seules dépenses directement engagées étaient de 37.191,31 EUR, soit 27% du budget" du budget central , indique Mme Carlotti selon laquelle les remarques de la Commission concernent "les dépenses de la campagne centrale dont le candidat à la mairie de Marseille, (M. Mennucci, ndlr) est l'ordonnateur".
La tête de liste EELV Karim Zeribi estime lui que les candidats ont été "les victimes totales de l'erreur de l'expert-comptable et de la non-prise de responsabilité de la tête de liste". Et il se dit "stupéfait de constater que les huit comptes n'ont pas été traités de la même manière, surtout quand la tête de liste voit son propre compte validé".
Mme Carlotti demande pour sa part à "celui qui a voulu diriger cette campagne avec le résultat électoral que nous connaissons, de prendre toutes ses responsabilités dans ce qui s'annonce comme une issue abracadabrantesque". "J'ai demandé une réunion dès la semaine prochaine avec le trésorier du PS, à Paris et les têtes de liste, pour que l'assurance de l'expert-comptable soit mise en oeuvre", pour suppléer au non-remboursement des dépenses, a précisé M. Mennucci à l'AFP.
Selon l'ex-chef de file PS aux municipales, la part centrale du budget (environ 70% des dépenses) a été centralisée par la fédération PS des Bouches-du-Rhône. Début septembre, dans un courrier adressé aux têtes de liste de la gauche -sept PS et un EELV-, le rapporteur de la Commission avait prévenu qu'il demanderait le rejet de leurs comptes.
En cause, le dépôt au-delà de la date limite -le 30 mai- de comptes rectificatifs, afin de corriger des erreurs. Aucune modification des comptes n'est possible après cette date, rappelait le Rapporteur dans ce courrier. Le rejet des comptes de campagne implique le non-remboursement par l'État des dépenses du candidat et un risque d'inéligibilité pour une durée pouvant aller jusqu'à trois ans.