Le Sénat devrait rebasculer dans l'escarcelle de la droite, grâce à sa large victoire aux municipales de mars, lors du renouvellement de la moitié des sièges de la Haute assemblée le 28 septembre.
Auteur d'une percée aux municipales, où il avait pris onze villes, dont deux de plus de 30.000 habitants, le Front national espère faire son entrée pour la première fois au Palais du Luxembourg, en ne gagnant cependant guère plus d'un siège dans les Bouches-du-Rhône ou le Var.
Au total, 178 sénateurs dans la moitié des départements seront renouvelés par un collège de 87.500 "grands électeurs" formé à 95% par les représentants des communes. "Les municipales sont le premier tour des sénatoriales", rappelle-t-on à la Haute Assemblée.
Des dizaines de municipalités de plus de 9.000 habitants ayant basculé de gauche à droite en mars, la droite escompte sortir des sénatoriales avec une dizaine de sièges d'avance sur la gauche, actuellement majoritaire de six sièges seulement. Cela n'empêcherait pas la gauche d'appliquer sa politique, l'Assemblée nationale, où le PS est majoritaire, ayant le dernier mot.
Six mois après les municipales, la gauche est encore en plus mauvaise posture : une croissance nulle au premier semestre, un chômage qui continue de grimper, une crise gouvernementale fin août avec le départ de trois poids lourds du gouvernement (Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti), le parti pivot de la majorité, le PS, qui chancelle. Et pour couronner le tout, l'étalage de la vie et des problèmes privés présidentiels avec la sortie du livre-brûlot de Valérie Trierweiler.
Autant d'épisodes sanctionnés par l'opinion, la cote de François Hollande tombant à 13% selon TNS Sofres, du jamais vu pour un président de la République, et celle de Manuel Valls dégringolant de 14 points, à seulement 30%.
"Ce sera juste"
Dans les campagnes, qui fournissent les gros bataillons d'électeurs pour les sénatoriales, les socialistes pourraient aussi payer la réforme territoriale en discussion au parlement. Maires et conseillers généraux, de droite mais aussi de gauche, ont pesté contre le projet de supprimer à terme les assemblées départementales, auquel le gouvernement a toutefois mis une sourdine.
"Les élus ruraux sont fatigués de voir que, depuis des années, c'est une vision urbaine et métropolitaine de l'organisation territoriale qui prévaut", affirme à l'AFP Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux.
L'UMP table sur environ 90 sièges remportés, ce qui porterait son total à 140, voire 145, tandis que les centristes de l'UDI devraient progresser de 5 à 8 sièges, selon des responsables de la droite sénatoriale, et faire l'appoint pour la majorité (174 sièges).
Dans ce camp, le principal danger vient des dissidences, qui pourraient faire le jeu de la gauche. "Tout le monde à droite se dit que c'est le moment où jamais d'être candidat : le succès des municipales a rendu tout le monde optimiste. Mais c'est ce qui nous a fait perdre en 2011", confie une tête d'affiche UMP.
Le PS ne s'avoue pas vaincu. Pour le président de son groupe Didier Guillaume, "ce sera juste" : avec les divisions de la droite, la montée du FN et les nouvelles règles de scrutin, le Sénat peut rester à gauche. Désormais, l'élection se déroule à la proportionnelle dans les départements comptant au moins trois sénateurs (contre deux auparavant), ce qui dessert les candidats arrivés en tête.
Le Sénat étant renouvelé par moitié tous les trois ans, aucun siège détenu par un écologiste n'est en jeu le 28 septembre, et seuls cinq sièges occupés par des communistes le sont.
La perspective d'une victoire a naturellement aiguisé les appétits pour la présidence du Sénat. Se sont déclarés candidats l'ancien président de la Haute Assemblée Gérard Larcher, Jean-Pierre Raffarin et Philippe Marini, tous trois UMP, ainsi que la centriste Nathalie Goulet et Didier Guillaume. L'élection du président du Sénat aura lieu le 1er octobre.
L'actuel président du Sénat Jean-Pierre Bel (PS) a annoncé en mars qu'il quitterait la vie politique après le scrutin du 28 septembre.