Les sénateurs se sont montrés mercredi déterminés à maîtriser l'endettement de la SNCF en entamant l'examen de la réforme ferroviaire qui avait été à l'origine d'une grève de 14 jours des cheminots en juin.
La réforme prévoit de regrouper dans une holding publique la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), l'organisme qui gère le réseau. Elle repose sur une organisation complexe avec trois établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic). L'objectif est de stabiliser la dette du secteur ferroviaire (44 milliards d'euros) et de préparer son ouverture totale à la concurrence.
Pour Mireille Schurch (Communiste, républicain et citoyen), la question du financement du système ferroviaire "ne peut être minorée et reportée dans le temps". "Pourtant, force est de constater que ce projet n’apporte pas de réponse satisfaisante à cette question pourtant cruciale", a-t-elle dit.
"Nous porterons à travers nos amendements la défense d’un modèle unifié autour de l’entreprise publique SNCF, car il a fait ses preuves par le passé et nous pensons qu’il est seul à même de répondre aux défis du futur, aux exigences d’un service public ferroviaire, fiable et performant", et non un service public "exclusivement orienté vers la gestion de l'infrastructure", a-t-elle ajouté.
"Je ne peux que me féliciter que les fonctions de gestionnaire d’infrastructures du réseau ferré national soient unifiées", a affirmé Louis Négre (UMP). Mais "la complexité du système me plonge dans un océan de perplexité". La question "essentielle" de la dette "ne fait l’objet que de quelques approches qui ne sont pas à la hauteur du problème", a-t-il reproché.
"Le système actuel est trop complexe; il est dans une impasse financière", a jugé Vincent Capo-Canellas (UDI-UC). Parmi les objectifs de la réforme, il a demandé l'inscription de "la stabilisation, voire la diminution, de la dette comme priorité".
"Le poids de la dette accumulée entrave l’évolution du système ferroviaire dans notre pays", a déclaré Jean-Jacques Filleul (PS) avant d'annoncer le dépôt d'un amendement qui fournirait "l’opportunité de créer une caisse d’amortissement de la dette ferroviaire".
La commission du développement durable a déposé un amendement de M. Filleul et Roland Riès (PS) créant une part de versement transport, que paient les entreprises, au profit des régions. Il s'agit pour eux de doter les régions d'une ressource spécifique" sans augmenter une charge supplémentaire sur les entreprises".
De son côté, le rapporteur Michel Teston a proposé qu'un député et un sénateur siègent au conseil de surveillance de l'Epic de tête SNCF.
La commission a aussi adopté un amendement prévoyant que les coûts de SNCF Réseau soient couverts d'ici 10 ans par ses ressources, sans recours l'endettement.
Le secrétaire d'Etat aux Transports a plaidé pour sa part pour "la conclusion d'un pacte national pour sauver et assurer financièrement la pérennité" du service public, ajoutant qu'il s'agit là du troisième axe de sa réforme.
L'étude du texte doit s'achever jeudi soir au Sénat.