"L'Union européenne est trop bureaucratique et pas assez sexy": un constat dressé au Parlement européen à Strasbourg par des milliers de jeunes venus de toute l'Europe débattre de son avenir, à l'approche des élections européennes.
"Peu importe que le concombre ou la carotte sur nos étals de supermarchés soient mal calibrés. Nous, ce qu'on veut, c'est une Europe qui nous parle et nous fasse rêver", glisse Florian Nowack, qui étudie l'économie et la culture française à l'université de Mannheim, en Allemagne.
Ce grand gaillard de 24 ans, qui avoue se sentir "plus européen qu'allemand", assistait vendredi à la Rencontre des Jeunes européens, baptisée "EYE 2014" et organisée jusqu'à dimanche au Parlement européen de Strasbourg.
Comme lui, quelque 5.800 jeunes, en grande majorité étudiants, se sont inscrits via des réseaux sociaux, leur université ou des associations, pour participer à des débats et laboratoires d'idées sur l'Europe de demain.
Des jeux de rôles sont également organisés au cours desquels les participants doivent "agir, parler comme des députés" pour simuler et comprendre le fonctionnement du Parlement européen.
"D'accord, d'accord, l'Europe, c'est super. On a Erasmus pour étudier à l'étranger, la liberté de circuler où l'on veut, une monnaie commune. Mais ce serait bien d'aller désormais au-delà", estime pour sa part Elena Cuppari, 22 ans, venue de Pavie en Italie.
- Peur de l'abstention et des extrêmes -
La jeune femme gracile, qui étudie le droit, dénonce comme tant d'autres "la bureaucratie qui paralyse les institutions", incarnées par un personnel politique vieillissant.
"Quand on voit (le président de la Commission) José Manuel Barroso ou (celui du Conseil) Herman Van Rompuy, on se sent pas forcément représenté. Il faut clairement que ça change", renchérit l'Autrichien Stephan Steinacher, un futur professeur qui souhaite voir la classe politique européenne se renouveler et baisser son salaire.
D'autres ne cachent pas non plus leur euroscepticisme comme Benjamin Smith. Cet étudiant anglais au visage pâle ravagé par l'acné prône une union "non plus politique mais seulement commerciale", avec plus de contrôles aux frontières.
"J'ai grandi, je vis en Europe, je n'imagine donc pas un seul instant que mon pays quitte l'Union européenne. Mais il faut bien admettre que le fonctionnement actuel va nous mener dans un mur, si on continue à intégrer de nouveaux pays et ouvrir les frontières", affirme le jeune homme de 19 ans, qui dit avoir été "forcé" par l'université de Canterbury pour venir présenter à Strasbourg le fruit de son travail universitaire.
De manière générale, qu'ils soient pro-européens ou eurosceptiques, qu'ils se disent socialistes ou conservateurs, tous demandent que les prochains élus fassent de nouvelles propositions.
Ils imaginent pour demain "une armée européenne unique", "la tenue de plus de référendums populaires", ou encore "la création de nouveaux dispositifs pour assurer l'emploi des jeunes".
Leur plus grande peur à deux semaines des élections européennes? Le fort taux d'abstention et la montée des extrémismes en Europe, qui signifierait un "retour en arrière" et "la perte de leur identité commune".
"J'espère que le nouveau président de la Commission sera courageux et qu'il réformera l'Union européenne en profondeur", ajoute Florian Nowack, dont le cœur balance fortement pour le candidat allemand et actuel président du Parlement Martin Schulz.
"L'Union européenne est notre futur. Il faut aller voter si on veut qu'elle nous corresponde", encourage encore une autre étudiante allemande, Sarah Schlegelmilch.