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Béziers : le candidat PS passe outre les consignes

Robert Ménard, candidat soutenu par le FN aux municipales de Béziers le 28 janvier 2014 [Pascal Guyot / AFP/Archives]

Le socialiste Jean-Michel Du Plaa a décidé mardi de se maintenir au second tour de l'élection municipale à Béziers, passant outre la consigne de Solférino de retrait pour contrer le FN et Robert Ménard bien placé pour remporter la ville en triangulaire.

 

"Un électeur de gauche ne votera jamais pour l'UMP Elie Aboud", a expliqué M. Du Plaa, convaincu que son maintien ne changera pas l'issue du scrutin.

Le candidat, dont la liste a obtenu au premier tour 18,65% des voix, a signé mardi un accord de fusion avec celle du Front de gauche (6,3%). Ses colistiers avaient voté lundi soir cette fusion à l'unanimité. Seules quelques voix socialistes locales s'étaient élevées contre, alors que le journaliste-polémiste Robert Ménard, soutenu par le FN, a atteint au 1er tour 44,88% des suffrages.

Dimanche verra donc s'affronter au 2e tour la liste de gauche, celle de M. Ménard et celle de l'UMP Elie Aboud (30,17% au 1er tour).

Cette décision a entraîné le retrait immédiat de l'investiture PS accordée à la liste de M. Du Plaa pour le premier tour. Il l'avait acquise en remportant la seule primaire socialiste en France ouverte à Europe Écologie-les Verts.

"Nous avons demandé que les listes PS se retirent quand leur maintien peut faire passer une ville sous la coupe du FN, donc aucune liste déposée malgré notre appel n'a et n'aura l'investiture du PS", a déclaré le porte-parole du PS David Assouline.

"Comme le PS, EELV appelle Jean-Michel Du Plaa à ne pas se maintenir au second tour", écrit EELV dans un communiqué. "En aucun cas il ne peut se prévaloir d’un quelconque soutien d’EELV (contrairement au premier tour) s’il devait se maintenir". Dans un autre communiqué, le PRG "demande le retrait de la liste" de M. Du Plaa.

En fait, M. Du Plaa, vice-président du conseil général de l'Hérault, a toujours penché pour le maintien. Dès l'officialisation de la première place de M. Ménard, non encarté FN mais fortement soutenu par le parti de Marine Le Pen, il a dit vouloir un accord avec le Front de gauche.

A ses yeux, un désistement aurait signifié la fin du PS à Béziers alors qu'il répète depuis des mois que le parti a besoin de "se reconstruire après les 18 ans de mandat" municipal du sénateur UMP Raymond Couderc.

"On ne peux pas disparaître du paysage municipal biterrois pendant six ans. On ne peut laisser Béziers au FN comme ça, lui laisser les clefs", estime-t-il.

- La cible Aboud -

Ensuite, il lui est apparu difficile, voire impossible de s'allier avec Elie Aboud. Tout autant que Ménard. Durant toute la campagne, le député Aboud, ex-premier adjoint de M. Couderc -7e sur la liste Aboud- a été la cible de M. Du Plaa.

Il le considère comme un des responsables "de la situation catastrophique" d'une ville - et notamment de son centre - où près d'un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

"On ne peut pas aller avec un candidat de la municipalité sortante responsable de la situation. Si vous faites ça, un certain nombre de cadres du FN auront comme argument que l'+UMPS+ en danger cherche à sauver sa place pour barrer la route au FN", explique M. Du Plaa.

Selon plusieurs sources, des discussions ont eu lieu lundi matin entre MM. Aboud et Du Plaa, mais elles n'ont pu aboutir.

Avant l'accord avec le Front de gauche, trois schémas avaient été au préalable étudiés, avant d'être écartés. Celui du désistement, celui du "front républicain" avec M. Aboud et celui d'un accord avec Robert Ménard, ce dernier ayant lancé un appel de rassemblement à M. Du Plaa - les deux hommes s'entendent très bien à titre personnel.

"A partir du moment où M. Ménard a choisi le FN, il ne peut y avoir d'accord avec lui", a répondu M. Du Plaa.

Interrogé sur ce refus, M. Ménard en a pris acte et a affirmé "vouloir travailler avec M. Du Plaa à la mairie."

"J'ai toujours dit du bien de lui. Je ne vais pas commencer aujourd'hui à dire du mal, même si je ne partage pas ses idées", a ajouté M. Ménard, estimant qu'en refusant de se soumettre aux demandes de Paris ou de s'unir à M. Aboud, Jean-Michel Du Plaa "est conforme à lui-même" et s'est "conduit en honnête homme". "S'il s'était désisté, je l'aurais regretté", a-t-il conclu.

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