À quelques jours du premier tour des élections législatives, l'avenir politique reste incertain. Déjà, plusieurs scénarios sont envisageables après les élections.
En marge des élections législatives, dont le premier tour se déroulera ce dimanche 30 juin, les intentions de vote se portent principalement sur le RN ainsi que sur le Nouveau Front populaire. La question de la gouvernance du pays se pose.
La majorité absolue
Pour le moment, les sondages n'envisagent pas de majorité absolue. Actuellement, trois partis semblent «solides» : Ensemble (la majorité présidentielle), le Nouveau Front populaire ainsi que le Rassemblement National et ses alliées. Pour obtenir la majorité absolue, il faut élire au moins 289 députés sur les 577 sièges à pourvoir. Dans ce cas, le gouvernement serait constitué au bon vouloir de cette majorité.
Par exemple, si le Rassemblement National obtient une majorité absolue, Jordan Bardella serait proposé pour être Premier ministre. Il constituerait ensuite son propre gouvernement.
En cas de victoire du parti présidentiel, Gabriel Attal pourrait continuer à occuper le poste de Premier ministre. En fonction depuis seulement cinq mois, il a demandé aux Français de le reconduire dans ses fonctions lors des élections législatives. Cependant, le Président de la République a évoqué un possible élargissement du bloc central, ce qui remettrait en question la reconduction de Gabriel Attal.
Enfin, si le Nouveau Front populaire remporte une majorité de sièges, le nom d'un Premier ministre n'est pas encore désigné. Si Jean-Luc Mélenchon avait été désigné candidat à la fonction lors des élections de 2022 le contexte actuel ne lui est guère favorable, l'alliance des gauches lui préférant d'autres noms elle pourrait organiser un vote interne pour choisir son représentant à Matignon.
la Majorité relative
Selon les sondages, ce scénario serait le plus probable. Selon notre dernier baromètre Opinionway pour CNEWS, Europe 1 et le JDD du 20 juin dernier, les trois partis en tête rassemblent : 35% d’intention de vote pour le Rassemblement National et ses alliés, 27% pour le Nouveau Front populaire et les candidats soutenus par Ensemble serait à 20%. Aucun des trois partis ne décrocherait une majorité absolue, alors, ils devront composer.
Problème, le Palais-Bourbon serait dès lors constamment sous la menace d’une motion de censure. Actuellement, Emmanuel Macron et son parti Ensemble possèdent 244 sièges, ses opposants : Nouvelle union populaire compte 127 députés et le Rassemblement National 89. Il est donc plus simple de gouverner avec une certaine majorité à l’Assemblée.
Dans ce cas de figure, il faudrait alors s’arranger sur les rôles ainsi que les choix réalisés par les députés au cours de leur mandat. Un objectif bien affiché par Emmanuel Macron qui souhaite une «fédération des projets». Il avait expliqué : «Ce n’est pas qui m’aime me suivent, c’est la volonté de bâtir des consensus, de tisser des compromis», a rapporté l’AFP.
Les opposants de l’actuelle majorité présidentielle ne voient pas la facilité dans ce scénario. Au micro de CNEWS, le 18 juin dernier, Jordan Bardella, alors élu député européen s’est avancé : «S'il y a une majorité relative, le Premier ministre ne peut pas agir». La constitutionnaliste Anne Levade a expliqué : «L’hypothèse d’un Premier ministre très marqué politiquement d’un côté ou de l’autre paraît la moins probable, car il peinerait à dégager une majorité claire à l’Assemblée».
Blocage institutionnel ou coallition inattendue ?
Dans ce troisième scénario probable, les trois principaux concurrents à la majorité parlementaire n'ont aucune chance de se réconcilier. Deux d'entre eux s'opposent au parti présidentiel, ce qui rend la tâche du Premier ministre et son gouvernement particulièrement ardue pour faire passer des lois devant les députés. Ni le RN ni LFI ne semblent disposés à faire des compromis. Une crise politique pourrait alors marquer l'histoire de la Ve République, où la France serait sans gouvernement.
Si certains avancent que le président de la République pourrait déclencher l'article 16 de la Constitution, l'hypothèse paraît peu probable. Théoriquement cet outil lui permettrait d'obtenir les «pleins pouvoirs». Dans un contexte où le pouvoir public ne pourrait pas fonctionner normalement, le chef de l'État pourrait exercer le pouvoir réglementaire et prendre des décisions relevant des fonctions du Parlement sans aucune contrainte. Mais de nombreux gardes-fous encadrent cet article constitutionnel qui rendent compliqués son usage, sans compter le signal envoyé aux Français d'un chef de l'Etat qui s'octroierait des pouvoirs exceptionnels dans un pays démocratique.