A deux mois des élections municipales, Médecins du Monde (MdM) rappelle aux élus et futurs élus "leur responsabilité" dans la lutte contre les inégalités en matière de santé et dévoile jeudi un état des lieux des actions menées dans 14 villes françaises.
"Aux élus, on souhaite dire: +N'oubliez pas que vous avez des responsabilités, que vous pouvez agir, à votre niveau, pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales de santé+", a expliqué à l'AFP Jean-François Corty, directeur des missions France à MdM.
Après avoir comparé la situation dans 14 communes où elle intervient, l'association conclut que "les dispositifs sanitaires et sociaux, bien qu'existants, ne sont pas suffisants".
"L'accès à l'eau et à l'hygiène n'est pas encore une priorité de santé publique pour tout le monde", déplore l'ONG. Si toutes les villes passées à la loupe disposent d'un point d'accès à l'eau potable, leur nombre est jugé insuffisant. A Calais, par exemple, un seul point d'eau, ouvert à des horaires restreints, est utilisé pour l'hygiène de 300 à 400 personnes et à Marseille, la majorité des fontaines publiques sont cassées et il n'est pas envisagé de les remettre en état, selon MdM.
Un bain douche municipal couvre en moyenne 15.000 ménages pauvres, révèle l'étude. Or "L'accès à l'eau et à l'hygiène est un enjeu de santé publique et c'est un droit fondamental", rappelle Jean-François Corty.
En matière d'intégration des plus précaires, "de fortes disparités" existent d'une ville à l'autre. Les populations les plus vulnérables sont parfois stigmatisées, comme dans 29% des villes sondées, qui appliquent des arrêtés "anti-mendicité" ou "anti-prostitution".
A l'approche des municipales, MdM souhaite que "la santé des plus précaires soit au cœur du débat". L'association recommande "le renforcement et la multiplication des dispositifs d'accès aux droits de santé". Selon le rapport 2012 de l'Observatoire de l'accès aux soins, 98% des personnes rencontrées par l'association dans ses centres étaient en dessous du seuil de pauvreté. Seulement 12% des personnes avaient des droits ouverts alors que 77% relevaient d'un dispositif de couverture maladie.
MdM recommande d'étendre les PASS, dispositifs de prises en charge médicale et sociale au sein des centres hospitaliers, "encore trop peu connues, insuffisamment déployées et souvent non efficientes", et les dispositifs d'accès aux soins de proximité.
Plus globalement, l'association espère un "changement de regard sur les personnes les plus précaires en les intégrant dans l'espace public".