"La lutte contre les dérives sectaires est un combat essentiel", a affirmé samedi soir Manuel Valls en clôture d'un colloque sur l'emprise des sectes, car "les sectes, c'est la négation de l'individu".
Le ministre de l'Intérieur, en charge des Cultes, a annoncé que ses services allaient s'atteler notamment à la question des "exorcismes extrêmes" pratiqués par certains mouvements religieux et des "écoles de fait" qui utilisent des méthodes éducatives alternatives.
M. Valls s'exprimait en clôture d'un colloque de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les Dérives sectaires), où psychiatres, magistrats, responsables de santé publique, parlementaires ont évoqué le processus d'emprise de gourous dont "tout un chacun peut devenir victime", selon le sociologue Gérald Bronner.
"C'est comme gravir un escalier, dont les premières marches sont si peu élevées qu'on ne se rend pas compte qu'elles mènent à des marches de plus en plus hautes qui vous éloignent de plus en plus du sens commun", a-t-il expliqué.
Evoquant la personnalité des gourous, le psychiatre Daniel Zagury, expert auprès de la Cour d'appel de Paris, a noté, que "ces gens ont des radars, une extraordinaire habileté à saisir les failles de l'autre".
Une "emprise", un "abus de transfert" selon le psychiatre, qui pour Manuel Valls, conduit à "la négation de l'individu. Dans toutes ses dimensions: sociale, citoyenne, libre bien sûr. Mais aussi sa dimension personnelle familiale.
Lutter contre les dérives sectaires, a poursuivi le ministre, "c'est un combat essentiel. Il doit mobiliser, car les sectes portent atteinte à ce qui nous est le plus cher collectivement, et bien souvent, à ce qui nous est le plus cher, individuellement".
Le sénateur du Vaucluse Alain Millon, président de la commission d'enquête 2012/13 sur l'influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé, a souligné que "cela va de l'adoption d'une nouvelle manière de se nourrir, aux rituels de purification, promesses de miracles, mais aussi traitements les plus farfelus".
Manuel Valls a rappelé à ce sujet que "quatre Français sur dix ont recours à la médecine alternative ou parallèle, et près de 3.000 médecins seraient en relation avec des organismes présentant des risques de dérives sectaires".
"Le travail d'observation et d'information, selon le ministre, est d'autant plus compliqué que de plus en plus, on assiste à l'atomisation, au développement de microstructures et de réseaux informels".
"Ils agissent au sein des grands courants de pensée véhiculés par les mouvements sectaires, principalement au sein de la mouvance nouvel âge, nébuleuse mélangeant spiritualités orientales, ésotérisme occidental, thérapies alternatives et univers du développement personnel", a-t-il détaillé.