Josiane Balasko, Jane Birkin et une vingtaine d'autres personnalités ont remis jeudi à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, une pétition de soutien après les attaques racistes dont elle a été la cible, qui a recueilli 100.000 signatures.
"Tu réclamais ces belles voix. Aujourd'hui, elles se sont exprimées", a dit à Mme Taubira l'initiateur de la pétition, l'adjoint au maire écologiste de Brétigny-sur-Orge (Essonne), Steevy Gustave.
"On est des pompiers qui allons éteindre la flamme de la haine", a-t-il lancé à la ministre.
"Elles sont magnifiques, ces voix", lui a répondu la garde des Sceaux, qui a salué la "promptitude" de cette mobilisation, amorcée le 1er novembre et baptisée "France, ressaisis-toi!". "Tout cela m'a beaucoup touchée", a-t-elle dit.
Pour la garde des Sceaux, l'initiative de la pétition a eu un effet d'"entraînement", et "ces belles et hautes voix en ont entraîné d'autres".
Le 17 octobre, une candidate Front National aux élections municipales dans les Ardennes (suspendue depuis) avait comparé Mme Taubira à un singe dans un reportage de l'émission "Envoyé spécial", diffusée sur France 2.
Le 25 octobre, à l'occasion d'un déplacement à Angers, une jeune adolescente opposante au mariage homosexuel l'avait appelée "guenon".
Mme Taubira s'est systématiquement refusée à porter plainte après ces attaques. "Elle était formidable de retenue. Elle était classieuse", a estimé Jane Birkin.
Pour l'actrice, si les réactions ont tardé après les attaques dont a été victime la ministre, notamment au sein du monde politique, c'est "parce qu'ils craignaient de faire de la pub au FN". "J'essaye de leur trouver des excuses", a-t-elle glissé dans un sourire.
"C'est quelqu'un qui a été attaquée sans que l'on prenne sa défense. Donc, c'est normal qu'on soit là", a déclaré Josiane Balasko.
"Je ne pense pas que toute la France soit raciste. Je pense qu'il suffit d'une tête de hareng pour pourrir tout le tonneau", a estimé l'actrice.
Comparant le climat actuel à celui que connaissait la France au moment de la Marche pour l'égalité, il y a 30 ans, Josiane Balasko a estimé qu'en 1983, la parole raciste "était moins dite, moins formulée". "Avant, ça pouvait être une réaction épidermique. Aujourd'hui, ça devient une parole politique", a-t-elle ajouté.