La dépense de médicaments est "anormalement importante" en France par rapport aux autres pays européens a affirmé mercredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine, justifiant les économies réalisées sur ce secteur dans le budget de la Sécu.
"Pourquoi mettre à contribution le médicament? Parce que la dépense de médicaments en France reste très nettement supérieure à d'autres pays européens", a déclaré Mme Touraine, lors d'une audition sur le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) 2014 devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée.
"A l'évidence, la dépense de médicaments sur l'ensemble des dépenses de santé est anormalement importante quand on voit ce qu'il se passe dans d'autres pays", a-t-elle ajouté.
Le projet de budget de la sécurité sociale, examiné à l'Assemblée à partir du 22 octobre, prévoit un gros effort pour la branche maladie, la plus déficitaire, en particulier sur les médicaments, avec une économie d'un milliard d'euros (baisse de prix, développement des génériques).
"Les Français consomment davantage de médicaments que (dans) les autres pays européens et cela est une réalité que l'on ne peut pas écarter d'un revers de la main", a poursuivi la ministre.
Or, "quand on regarde pourquoi les dépenses de médicaments sont plus importantes en France, plus importantes qu'ailleurs, on s'aperçoit qu'il y a plusieurs facteurs", selon elle.
D'abord, "il y a moins de médicaments génériqués, il faut poursuivre sur cette voie-là", le développement des génériques, a indiqué Mme Touraine.
La nécessité de former et d'informer
"Deuxième facteur d'explication de la surconsommation en France: il y a davantage de prescriptions, ce sont des enjeux de comportements". Ainsi, "aux Pays-Bas, quand vous sortez de chez votre médecin, vous avez une ligne et demie en moyenne de prescription sur votre ordonnance, en France en moyenne cinq lignes", a -t-elle expliqué.
La ministre a souligné "la nécessité de former et d'informer les professionnels mais aussi d'informer les patients".
Enfin, "nous avons en France une tendance à prescrire plus systématiquement la dernière molécule, même si elle ne représente pas une amélioration évidente dans le cas de la pathologie concernée", a-t-elle relevé.
Le PLFSS prévoit également d'expérimenter la vente de médicaments à l'unité mais les modalités précises de cette expérimentation ne sont pas encore connues.
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