La ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq a entamé mardi une visite de deux jours en Indonésie, dans le cadre d'une offensive de charme visant le quatrième pays le plus peuplé de la planète, nouvel eldorado asiatique.
Outre un bref stop qu'elle doit effectuer par la suite à Kuala Lumpur, le voyage de la ministre est spécialement consacré à l'Indonésie, signe de l'importance grandissante que revêt à Paris l'immense archipel de 240 millions d'habitants.
Mme Bricq, à la tête d'une importante délégation comprenant un aréopage d'une trentaine de chefs d'entreprises, a inscrit l'Indonésie parmi les 47 pays cibles sélectionnés dans sa stratégie de relance des exportations françaises.
"La visite s'inscrit dans le cadre du partenariat stratégique" lancé en juillet 2011 au cours du déplacement du premier ministre français François Fillon à Jakarta, précise l'ambassade dans un communiqué. Ce partenariat place l'Indonésie sur "le même plan que les autres grandes puissances asiatiques", avait alors dit M. Fillon.
Mme Bricq a signé mardi un accord de financement pour la modernisation du réseau ferroviaire urbain de Bandung (centre), deuxième métropole du pays avec huit millions d'habitants et archétype des grandes villes d'Asie à la circulation grippée par un développement fulgurant.
La France accorde un prêt de 126 millions d'euros dont 80 millions sont liés à la participation d'entreprises françaises dans le chantier, qui doit s'ouvrir en 2015. Les noms des sociétés qui répondront à l'appel d'offres ne sont pas encore connus.
Parmi les responsables d'entreprises qui ont fait le voyage, figuraient des dirigeants de la SNCF et du groupe industriel Alstom, spécialisé dans les infrastructures d'énergie et de transport.
"Ce premier projet en appelle d'autres", a déclaré Mme Bricq dans un discours prononcé lors de la cérémonie de signature de l'accord de financement. "Aujourd'hui, je fais vraiment de l'Indonésie une priorité de nos instruments d'aide aux projets", a-t-elle ajouté, vantant "la très grande qualité de l'offre ferroviaire française".
Le vice-ministre indonésien des Transports, Bambang Susantono, a évoqué devant la presse la possibilité d'un projet similaire à Surabaya, une autre grande ville d'Indonésie située dans l'est de l'île de Java.
L'Indonésie, qui se targue d'être le nouvel "I" dans le groupe des pays émergents dits du "BRICS" (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), connaît une croissance annuelle moyenne supérieure à 6% depuis 2005, la plus élevée du groupe des vingt principaux pays riches et émergents (G20).
Mais la présence française y reste limitée, malgré les grands noms comme L'Oréal, premier groupe mondial des produits de beauté, qui y a inauguré en novembre 2012 sa plus grande usine au monde, un investissement d'environ 100 millions d'euros.
La première économie d'Asie du Sud-Est n'a ainsi acheté en 2012 que 1,4 milliard d'euros de biens et services français. Cela représente un bond de près de 20% par rapport à 2011 mais seulement 1% des importations totales du pays, reléguant la France loin derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne par exemple.
Le Premier ministre britannique David Cameron était en avril 2012 à Jakarta et la chancelière allemande Angela Merkel, en juillet. Berlin entend ainsi presque doubler ses échanges commerciaux avec l'Indonésie d'ici à 2015, pour les faire passer à 12 milliards de dollars (9,7 mds EUR).
On attend en revanche toujours la venue d'un président français. La visite du Premier ministre François Fillon, en juillet 2011, était la première d'un chef de gouvernement français en Indonésie.