Battu aux législatives 2012 par Corinne Narassiguin (PS), Frédéric Lefebvre veut devenir le député UMP des Français d’Amérique du Nord après l’invalidation du premier scrutin. Avant l'ouverture, mercredi, du vote électronique, l’ex-secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy dit comment il veut «ressouder la diaspora française».
Comment jugez-vous la première année du mandat de François Hollande ?
Je fus l‘un des rares, à l’UMP, à dire au lendemain de son élection : «l’alternance c’est la démocratie, il faut lui donner une chance». Ça me rend plus fort pour dire aujourd’hui qu’il s’agit d’un an d’atermoiements et d’apprentissage qui coûte très cher à la France. Notre pays le paie cash en termes de crédibilité et de confiance. Le contraste est saisissant avec l’Amérique du Nord où la récession s’éloigne, la croissance repart et l’emploi redémarre.
Aux Etats-Unis comme au Canada, la France est sortie du radar ; on parle de l’Europe, de l’Allemagne mais plus de notre pays. L’inaction de François Hollande a même fait naître un axe germano-britannique à la place de l’axe franco-allemand qui a propulsé l’Europe aux avant-postes du monde depuis 60 ans. C’est triste de voir la France reléguée en deuxième division européenne, avec les pays du sud. Comme une immense majorité des Français, je ressens un goût amer et le sentiment d’un formidable gâchis.
Pensez-vous pouvoir profiter de ce contexte pour votre élection ?
Vous savez, cette élection est atypique. La circonscription fait 40 fois la superficie de la France donc les Français répartis sur ce territoire ont un besoin très fort de lien social. Mon objectif est donc de resserrer le lien entre la France et ces Français qui sont une de nos principales chances dans la mondialisation. Au-delà des caricatures, ils ont quelque chose en plus, quelque chose qui manque à notre pays : ce mental de gagnant, la certitude que si l’on réussit, on sera admiré plutôt qu’envié et puni.
J’ajoute que cette élection est inédite car le vote par Internet, utilisé pour la première fois sera structurant. Je souhaite que nos compatriotes qui ont cette facilité pour voter l’utilisent à plein.
Les électeurs d’Amérique du nord se sentent-ils mobilisés par ce scrutin ?
Ce n’est pas du tout la même campagne que l’an dernier. Ce début de mandat de François Hollande, son action en matière fiscale, les décisions brutales et injustes qui ont été prises, notamment concernant l’enseignement dans les établissements à l’étranger ont fait ouvrir les yeux à ces Français. Ils voient désormais qu’ils ont besoin d’un député pour les défendre.
Ils sont devenus des bouc-émissaires alors qu’ils sont en réalité les forces projetées de la France dans la mondialisation. Il faut ressouder la diaspora française en Amérique du nord. C’est mon objectif.
Etes-vous favorable au principe d’une primaire pour désigner le candidat UMP en 2017, comme la direction du parti devrait l’entériner ces jours-ci ?
Ma famille a connu, il y a quelques mois, des affrontements très douloureux. Il se trouve que ma candidature à cette législative partielle est un ciment d’unité puisque tant Jean-François Copé que François Fillon sont venus me soutenir outre-Atlantique. Si je suis élu, je me battrai en homme d’unité pour que l’UMP unisse ses forces et construise ce qu’attendent les Français : un espoir de politique alternative. C’est l’enjeu majeur.
Bien sur les présidentielles rythment la vie politique mais ce n’est que dans quatre ans. Aujourd’hui, nous devons être dans la même logique que celle qui nous a fait gagner en 2007, à savoir l’union de la droite et du centre. Notre camp n’est pas inéluctablement condamné à la division.
Cela signifie-t-il qu’il faut renoncer à l’élection à la présidence de l’UMP prévue en septembre ?
Nous verrons. Ce qui compte, c’est que les décisions que nous prenons soient des décisions d’unité. La question d’une élection en septembre et celle de la primaire en 2016 ne doivent pas devenir des éléments de division. Je note que la primaire est aujourd’hui un élément qui rassemble puisque personne ne semble opposé à ce principe. Tant mieux. En revanche, sur l’élection de septembre, nous n’en sommes pas à un tel consensus ; c’est donc un sujet sur lequel il faut continuer de discuter.
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