François Hollande a fustigé l'antisémtisme qui "n'est pas seulement la haine des juifs" mais aussi "la détestation de la France", participant pour la première fois en qualité de chef de l'Etat au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
"Comment admettre qu'au début du 21e siècle, la police soit conduite à protéger des écoles, comment supporter l'idée que des enfants puissent redouter de se rendre à l'école et des parents de les y envoyer", s'est interrogé le président de la République, évoquant les tueries de Toulouse et de Montauban qui avaient fait 7 morts, dont quatre juifs, un an plus tôt, en mars 2012.
"La République sera en paix avec elle-même lorsque cette peur-là aura définitivement disparu", a-t-il enchaîné sous les applaudissements d'un parterre de plusieurs centaines de personnes parmi lesquelles une dizaine de ministres en exercice et des dizaines d'anciens ministres, de responsables politiques et de représentants des principaux cultes.
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Pour François Hollande, la lutte contre l'antisémitisme passe par l'éducation et l'enseignement de la Shoah qui "doit pouvoir être enseignée partout, dans tous les collèges et les lycées de France, dans nos villages, dans nos cités, dans nos banlieues".
"Ce n'est pas un enseignement à option que les maîtres hésiteraient à professer dans certaines circonstances ou devant certains élèves", a-t-il insisté.
Le président Hollande s'est également fait l'avocat de l'enseignement de la "morale laïque" voulu par le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, soulignant qu'il ne s'agissait "pas de faire la morale" mais de rappeler "les principes de la République: la laïcité, les repères, les disciplines, les règles".
Evoquant la multiplication des "tweets antisémites", il a souligné qu'il "ne peut y avoir d'impunité pour les auteurs racistes et antisémites". Ils "doivent savoir qu'ils seront poursuivis et condamnés pour leurs agissements", a-t-il poursuivi, chaleureusement applaudi par la salle.
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Parmi les convives figuraient Latifa Ibn Zlaten, la mère du premier soldat tué par Mohamed Merah, Samuel Sandler, père et grand-père de trois des victimes juives du "tueur au scooter" et Simone Veil ainsi que de nombreuses personnalités du monde politique, culturel ou médiatique.
Un an plus tôt, François Hollande avait déjà participé au dîner annuel du Crif mais en tant que candidat du PS. L'épisode avait été marqué par une poignée de mains, des sourires et des propos amènes échangés avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale.
Avant François Hollande, le président du Crif, Richard Prasquier, a tenu un sombre discours sur l'antisémitisme et l'"israélophobie". Rappelant qu'en 2012, 614 actes antisémites, dont 96 violences contre des individus, avaient été dénombrés par le Service de protection de la communauté juive, il a souligné que ces chiffres renouaient "avec ceux des pires années précédentes".