Philippe Buisson, actuel successeur à la mairie de Libourne de Robert Boulin, l'ancien ministre retrouvé mort dans 50 cm d'eau le 30 octobre 1979, interpelle lundi "ceux qui savent et qui se taisent", à la veille de la diffusion sur France 3 d'un téléfilm épousant la thèse de l'assassinat.
Selon Philippe Buisson, maire PS de Libourne, le téléfilm "Crime d’État" de Pierre Aknine "met à nouveau en lumière les profondes incohérences de l'enquête sur la mort de Robert Boulin et bat en brèche la thèse officielle du suicide".
"En tant que successeur de Robert Boulin" et "au nom des Libournais, je souhaite d'abord interpeller les consciences de ceux qui savent et qui se taisent", indique-t-il dans un communiqué reçu à l'AFP.
Selon lui, "la France s’enorgueillirait de pouvoir, 30 ans après, analyser avec courage certaines déviances du début de la Ve République, qu’il s’agisse des agissements du SAC (Service d'action civique) ou des errements de la Françafrique en lien avec les financements des partis politiques".
"Il est malheureusement probable que la mort d’un homme, ministre et maire de Libourne, trouve son fondement à la croisée de ces dérives", ajoute M. Buisson qui avait par ailleurs succédé à la tête de la mairie de Gironde à Gilbert Mitterrand, fils cadet de l'ancien président de la République.
M. Buisson ajoute que "depuis quelques années, plusieurs contre-enquêtes très étayées (de Canal + ou encore le livre "Un homme à abattre" du journaliste Benoit Collombat) démontrent avec force que la thèse de l'assassinat a manifestement été trop vite écartée par la justice".
Aux côtés de l’association "Robert Boulin, pour la vérité" présidée par Fabienne Boulin, la fille de Robert Boulin, la ville de Libourne "demande à l’État de tout mettre en œuvre pour lever les formidables zones d’ombre et manipulations qui semblent entacher cette instruction".
"Alors que les acteurs de ces évènements s’éteignent peu à peu, il est urgent que nous puissions assumer collectivement l’instruction sereine et sincère de ce qui a pu effectivement être le crime d’un homme d’État commis par des hommes de l’Etat au nom d'intérêts privés ou partisans", estime M. Buisson.