Accusés par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault de "vouloir l'échec de la France", les députés de droite ont quitté mardi la séance des questions à l'Assemblée nationale en signe de protestation.
Répliquant aux cris des élus de droite alors qu'il répondait à une question du député socialiste Philippe Martin sur la compétitivité, le chef du gouvernement leur a lancé: "Vous voulez l'échec de la France", provoquant le départ de la quasi-totalité d'entre eux.
Le secrétaire national de l'UMP, Jean-François Copé, est sorti et a déclaré que l'opposition était "insultée". Non content du "matraquage fiscal" et de l'enterrement du rapport Gallois, Jean-Marc Ayrault "ose insulter l'opposition", à qui "il ne donne aucun droit" et qu'il "ne consulte jamais", a protesté M. Copé. "Ce niveau d'injures commande qu'à un moment il faille dire stop", a-t-il dit.
Plusieurs députés UMP ont demandé "des excuses" au Premier ministre. Ainsi l'ancien président de l'Assemblée, Bernard Accoyer: "une telle déclaration exige des excuses du Premier ministre d'autant que ses premières décisions sont à l'encontre de la compétitivité".
Pour sa part, Christian Jacob, le chef de file du groupe UMP, soulignait que l'"on ne p(ouvait) pas avoir un Premier ministre qui perd à ce point ses nerfs et qui explique que la moitié de l'hémicycle est pour l'échec de la France. C'est indigne!"
L'ancien ministre Laurent Wauquiez renchérissait: "un député de la République ne peut pas s'entendre dire qu'il veut l'échec de la France. C'est impossible. On essaye tous de défendre un bien commun et là, Jean-Marc Ayrault insulte toute la République. Il faut qu'il reprenne son sang-froid et qu'il s'excuse".
"C'est indécent et indigne de votre fonction", soulignait pour sa part Axel Poniatowski dans l'hémicycle, qui s'est peu à peu de nouveau rempli après cet incident.
A gauche, on minimise l'incident
"La droite se drape dans sa dignité outragée dans un jeu de rôle qui ressemble beaucoup à du théâtre" a commenté le député écologiste Noël Mamère qui posait la question suivante, sur les OGM, au gouvernement.
Au groupe PS, on se contentait de minimiser l'incident en le qualifiant de "très classique".
Lorsque le rapport Gallois sera déposé le 5 novembre, a déclaré le Premier ministre, "le lendemain le Conseil des ministres sera réuni en séminaire". En fait M. Ayrault a prévu de réunir l'ensemble du gouvernement en séminaire à Matignon. "Les premières décisions, les premières orientations, le lancement de la stratégie de la conquête de la compétitivité, c'est-à-dire pour la bataille contre le chômage et pour l'emploi, seront lancées. Même si ça vous gène, nous le ferons pour la France", a-t-il affirmé.
La vidéo de l'incident