Nicolas Sarkozy avait promis de réduire d'un tiers la pauvreté pendant son quinquennat, un objectif compromis par la crise économique et compliqué par une bataille de chiffres, le gouvernement privilégiant un indicateur controversé.
"J'ai fixé au gouvernement l'objectif de réduire d'au moins un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays", disait M. Sarkozy en 2007.
Environ 8 millions de personnes (13,4% de la population française) étaient considérées comme pauvres en France en 2007, avec un revenu inférieur à 60% du revenu médian de la population, soit environ 900 euros mensuels, selon l'indicateur priviligié par l'Insee.
En 2009 (dernier chiffre connu), 8,2 millions de personnes (13,5% de la population) vivaient sous le seuil de pauvreté (954 euros), réévalué chaque année par l'Insee pour tenir compte de l'évolution des niveaux de vie. C'est pour cette raison que l'on parle de "taux de pauvreté monétaire relatif".
En publiant ces chiffres en août dernier, l'Insee avait attribué la hausse de la pauvreté à la crise économique.
Mais c'est en se fondant sur un autre indicateur que Nicolas Sarkozy a fait sa promesse: celui du taux de pauvreté "ancré dans le temps". Ce mode de calcul prend comme point de départ le seuil de pauvreté de 2006 (880 euros) en ne le revalorisant que de l'inflation, soit 915 euros en 2009.
Il est largement critiqué car si l'on ne tient pas compte de l'évolution générale des niveaux de vie, le taux de pauvreté recule automatiquement. Selon cet indicateur, le taux de personnes pauvres est ainsi passé de 13,1% en 2006 à 11,8% en 2009. Pour atteindre la réduction promise d'un tiers, il faudrait parvenir à un taux de 8,3% de la population en 2012.
Au final, selon l'indicateur du gouvernement, la pauvreté a reculé de 1,3 point de pourcentage entre 2006 et 2009 mais a augmenté de 0,4 point selon l'indicateur de l'Insee. L'indicateur "ancré dans le temps" est présenté comme "l'indicateur central" de mesure dans le rapport officiel sur le sujet remis par le gouvernement au Parlement en octobre.
Malgré la hausse du taux Insee, souligne le Conseil national de lutte contre l'exclusion (organisme officiel consultatif), "les indicateurs de pauvreté se révèlent moins dégradés qu'ailleurs", et ce, grâce au système de protection sociale. Le taux moyen de pauvreté dans l'Europe des 27 était de 16,4% en 2009, selon Eurostat.
Quoi qu'il en soit, pour savoir où en est la pauvreté en 2012 et faire un bilan du quinquennat, il faudra attendre 2014, en raison du décalage des chiffres de l'Insee. Seules les données de 2009 sont aujourd'hui disponibles.