L’actrice américaine Amber Heard, qui avait fait appel dans le cadre du procès qui l’a opposé à son ex-mari Johnny Depp, annonce ce lundi 19 décembre abandonner ses démarches judiciaires, pour ne pas avoir à affronter de nouveau la terrible épreuve d’un procès.
La bataille judiciaire s’annonçait encore très longue et douloureuse. Amber Heard fait savoir ce lundi 19 décembre qu’elle met fin à la procédure d'appel du procès en diffamation qui l'a opposée à son ancien mari, Johnny Depp.
«Après une longue réflexion j'ai pris la décision difficile de conclure un accord», a écrit la star sur Instagram, sans en préciser les termes financiers.
Les avocats de Johnny Depp ont salué lundi la conclusion de cet accord, avec le paiement de l’actrice d’un montant de «1 million de dollars» (au lieu des 10 auxquels elle avait été condamnée à payer en première instance). «Nous sommes heureux de clore officiellement ce chapitre douloureux pour M. Depp, qui a clairement indiqué tout au long de ce processus que sa priorité était de faire éclater la vérité», ont déclaré les avocats de l'acteur, Benjamin Chew et Camille Vasquez.
L'actrice d’Aquaman avait été condamnée en première instance à verser 10 millions de dollars à son ex-époux et avait fait appel. «J'ai pris cette décision après avoir perdu foi dans le système judiciaire américain, dans le cadre duquel mon témoignage public a servi de divertissement et a donné du grain à moudre aux réseaux sociaux», a ajouté l'actrice.
«Même si mon appel devant la justice américaine portait ses fruits, le meilleur des résultats serait un nouveau procès, durant lequel un nouveau jury devrait analyser les preuves. Je ne peux tout simplement pas traverser cela une troisième fois», écrit Amber Heard, qui dénonce les «calomnies» dont elle a été victime au moment du jugement. «Elles sont «une version amplifiée de ce que traversent les femmes dès lors qu’elles dénoncent», indique-t-elle.
«Pendant trop d’années, j’ai été enfermé dans une procédure judiciaire ardue et coûteuse, qui s’est révélée incapable de me protéger, ainsi que mon droit à la liberté d’expression», regrette-t-elle.«Ce n’est pas un acte de concession. Je n’ai accepté aucune restriction sur ce que je peux dire, aucun bâillon», insiste-t-elle, avant de conclure : «ma voix reste pour toujours l’atout le plus précieux que j’ai».
Un procès ultra-médiatisé
Johnny Depp avait attaqué Amber Heard après la publication d’une tribune par le Washington Post en 2018, dans laquelle l’actrice se décrivait comme «une personnalité publique représentant les violences conjugales», sans nommer son ex-mari.
Assurant que ce texte avait détruit sa réputation et sa carrière, Johnny Depp, 59 ans, avait poursuivi en diffamation son ex-femme pour obtenir 50 millions de dollars en dommages-intérêts. Amber Heard avait contre-attaqué et demandait le double. A l'issue de six semaines de débats, les jurés du tribunal de Fairfax, en banlieue de Washington, avaient conclu que les ex-époux s'étaient mutuellement diffamés, mais avaient estimé que les dommages subis par Johnny Depp étaient supérieurs.
Le procès, ultra-médiatisé et diffusé en direct à la télévision, avait été suivi par des millions de téléspectateurs dans le monde, provoquant un déchaînement de messages hostiles à l'actrice sur les réseaux sociaux.
Le 16 novembre dernier, Amber Heard a officiellement reçu le soutien de 130 féministes et associations. Toutes unies derrière elle, elles ont condamné les traitements judiciaires et médiatiques réservés à l'actrice, mais aussi celui, particulièrement virulent, des réseaux sociaux où une haine à son égard «d’une ampleur inédite» s'est développée.
«Le verdict du procès en diffamation opposant Johnny Depp et Amber Heard a profondément inquiété les professionnels du secteur des relations intimes et de la violence sexuelle», peut-on lire dans cette tribune, notamment signée par Gloria Steinem, figure américaine du féminisme.
«Nous sommes très inquiètes de l'utilisation de plus en plus répandue de procès en diffamation pour menacer les survivantes et les réduire au silence», est-il précisé. Ces personnalités estiment que le verdict indique une «méconnaissance fondamentale des violences sexuelles dans le cadre conjugal et de la manière dont les survivantes y répondent».
Condamnant «la mise au pilori de Amber Heard», et s’inquiétant d’une hausse du recours à la diffamation dans ce genre d’affaire pour «menacer et réduire les victimes au silence», les signataires soutiennent dans leur tribune «le droit de chacun de dénoncer leur partenaire intime et la violence sexuelle en étant libre de tout harcèlement et de toute intimidation».