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La discrète reine Sofia, clé de voûte du règne de Juan Carlos

La reine Sofia semble encourager son époux du regard lors de la cérémonie d'abdication le 18 juin 2014 au palais Royal de Madrid [Gerard Julien / AFP] La reine Sofia semble encourager son époux du regard lors de la cérémonie d'abdication le 18 juin 2014 au palais Royal de Madrid [Gerard Julien / AFP]

Un savant mélange de discrétion et de compassion ont permis à cette princesse grecque éduquée en Allemagne de faire oublier ses origines aux Espagnols pour devenir simplement la Reina Sofia, épouse au rôle essentiel tout au long du règne de Juan Carlos.

Imperméable aux scandales qui ont alteré l'image de son époux, elle reste à 75 ans la plus populaire des membres de la Famille royale.

Le soir du 2 juin, sitôt annoncée l'abdication, Sofia partait pour New York, maintenant son agenda officiel. C'est là qu'elle livrait, souriante, son premier commentaire: "Tout va continuer de la même manière. La continuité avec mon fils, qui est déjà au courant de tout".

Fille aînée du roi de Grèce Paul I, qui régna de 1947 à 1964, et de la reine Frederika, née Sophia à Athènes le 2 novembre 1938, elle a passé, comme son époux, une partie de son enfance en exil.

Peu après sa naissance, la Seconde guerre mondiale éclate, poussant sa famille vers l'Egypte et l'Afrique du Sud. Elle terminera sa scolarité dans un internat en Allemagne.

De nouveau à Athènes, elle se lance dans des études de puériculture, de musique et d'archéologie.

Son enfance lui a donné le goût des langues. En plus du grec et de l'espagnol, Sofia parle anglais, la langue qu'elle a transmise à son fils Felipe, italien et allemand.

La reine Sofia d'Espagne à La Paz (Bolivie), le 15 octobre 2012 [Aizar Raldes / FILES/AFP/Archives]
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La reine Sofia d'Espagne à La Paz (Bolivie), le 15 octobre 2012

Navigatrice expérimentée, elle vogue pour l'équipe de voile grecque en 1960, comme suppléante. Cette passion pour la mer la rapproche de Juan Carlos, qu'elle rencontre en 1954 lors d'une croisière de luxe.

Marié en mai 1962 à Athènes, le couple est autorisé par Francisco Franco à s'installer dans le palais de la Zarzuela, près de Madrid. Dès 1969, le dictateur choisit Juan Carlos comme futur successeur au poste de chef de l'État.

"Le soutien de la reine a été fondamental" pendant ces années, souligne Fermin Urbiola, auteur de livres sur la royauté espagnole. "Elle s'est imposée en ne voulant pas partir pour Estoril", au Portugal, où vivait en exil le père du roi, Juan, explique Abel Hernandez, un autre biographe. "Grâce à son grand sens de la réalité, c'est elle qui leur a permis de devenir roi et reine".

Pour séduire les Espagnols, elle hispanise son nom en "Sofia" et renonce à la religion orthodoxe, pour rejoindre l’Église catholique romaine.

- Une 'grande professionnelle' -

L'opération de charme se poursuit avec la naissance des enfants, Elena en 1963, Cristina en 1965 puis Felipe, en 1968, le couple se laissant filmer dans des scènes familiales d'une apparente simplicité.

Sensible, la reine a su se faire apprécier en montrant sa peine lors de grandes tragédies, consacrant aussi une grande partie de son temps aux œuvres de bienfaisance.

Ses pleurs avaient résonné dans la cathédrale de Madrid lors des funérailles des victimes des attentats du 11 mars 2004. Elle avait au contraire amusé le pays en surprenant dans leur vestiaire les joueurs de l'équipe nationale de football, dont l'un à moitié nu, après la demi-finale de la Coupe du monde en 2010.

Si ses relations avec Juan Carlos étaient devenues plus distantes, cela ne l'a pas empêché de remplir son rôle de reine en "grande professionnelle", selon les mots de son époux.

"La reine est la clé de cette famille", affirme Abel Hernandez. "C'est elle qui est parvenue à maintenir le bon sens et la cohésion" en toutes circonstances. Parmi les plus marquantes, le mariage de son fils avec Letizia, une "roturière", le divorce de sa fille Elena et depuis 2011, le scandale judiciaire qui frappe Cristina.

"Stoïque" face "aux aventures extraconjugales" de son époux, "son plus grand devoir fut de transformer l'héritier Felipe en monarque", écrivait le journal grec Ta Nea au moment de l'abdication, décrivant une relation très étroite entre mère et fils, les "véritables dirigeants de la Maison royale" espagnole.

Le roi d'Espagne Juan Carlos et son épouse Sofia, le 25 avril 1962 à Athènes [- / FILES/AFP/Archives]
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Le roi d'Espagne Juan Carlos et son épouse Sofia, le 25 avril 1962 à Athènes

Sofia s'était pourtant attiré des inimitiés en livrant en 2008 des propos controversés sur le mariage homosexuel, légalisé Espagne depuis 2005, à l'auteur d'une biographie autorisée publiée pour son 70e anniversaire.

En ligne avec la Constitution espagnole, c'est le prince Felipe qui accède au trône, passant devant ses deux sœurs aînées. Tout comme Sofia avait elle-même dû s'incliner devant son frère, Constantin, devenu le dernier roi de Grèce.

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