La famille Peugeot, garante depuis plus d'un siècle de l'indépendance du constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën, prend le risque de perdre un peu de son influence en le laissant s'allier avec le numéro un mondial, l'américain General Motors.
Le rapprochement, annoncé mercredi, prévoit que GM prenne 7% du capital de PSA, dont il deviendra le deuxième actionnaire derrière la famille.
Les héritiers du fondateur Armand Peugeot détiennent aujourd'hui près du tiers du capital et 45,62% des droits de vote. Le reste du capital est entre les mains d'investisseurs français et étrangers, des salariés (2,79%) et de la banque BNP Paribas (1,06%).
La famille dit soutenir l'alliance avec GM et entend rester le premier actionnaire. Mais la participation des actionnaires familiaux dans le capital de PSA devrait descendre à environ 25%, a précisé mercredi le président du directoire du constructeur, Philippe Varin.
En effet, la holding FFP (Société foncière, financière et de participations) qui gère l'essentiel de la participation familiale, compte utiliser seulement la moitié de ses droits préférentiels de souscription à l'augmentation de capital annoncée par PSA pour permettre l'entrée de GM. Elle souscrira donc à hauteur d'environ 150 millions d'euros à cette levée de fonds d'un montant total d'un milliard d'euros.
"L'indépendance, c'est rester l'actionnaire de référence, quel que soit le niveau de pourcentage", indiquait déjà mardi au magazine L'Express Robert Peugeot, le PDG de FFP.
Si la famille ne dirige plus directement le groupe depuis le milieu des années 1960, elle n'en joue pas moins un rôle primordial. Au cours des années, elle a notablement renforcé son emprise sur le capital de PSA.
En 1990, elle ne détenait qu'environ 23% du capital et près de 35% des droits de vote, devant Michelin. Le fabricant de pneumatiques, qui s'est retiré depuis, était étroitement lié au groupe PSA depuis sa constitution en 1976 puisqu'il était propriétaire de la marque Citroën avant qu'elle ne soit vendue à Peugeot.
La famille est aussi présente au plus haut niveau de l'entreprise: quatre de ses représentants siègent actuellement au conseil de surveillance, sur douze membres, et des Peugeot occupent d'autres fonctions au sein du groupe.
La vision de la famille avait été rappelée par Pierre Peugeot, ancien président du conseil de surveillance, quelques mois avant sa mort en 2002, indique Jean-Louis Loubet dans son livre "La maison Peugeot": "On peut transformer l'entreprise en un groupe d'envergure mondiale, tout en s'attachant à conserver ses spécificités et maintenir un actionnariat solide, gage de stabilité et de pérennité."
Son fils Thierry lui a succédé en 2002 et n'a guère changé de ligne. Il s'était dit ouvert à des alliances en 2009, au moment de l'arrivée de Philippe Varin, mais à condition que la famille reste l'actionnaire de référence.
Si la famille a donné à M. Varin pour mission d'internationaliser le groupe, encore très dépendant de l'Europe, elle ne lui avait pas laissé conclure d'alliance jusqu'à présent. Un projet de mariage avec le japonais Mitsubishi a été enterré en 2010, la famille ne laissant à PSA que les coopérations ponctuelles qu'il mène avec d'autres constructeurs.