«Est-ce que tu crois en Allah, Dieu, Yahvé?», «est-ce que ton père croit en Allah, Dieu, Yahvé?», «est-ce que ta mère croit en Allah, Dieu, Yahvé?». Ces trois questions axées sur les pratiques religieuses des élèves et de leur famille figurant dans un questionnaire destiné aux élèves du primaire et secondaire en Corse, font polémique sur l'île.
Intitulé «La diversité en Corse», ce questionnaire a été commandé par l'Assemblée de Corse dirigée par les nationalistes.
Elaboré par les enseignants-chercheurs de l'Université de Corse, comme indiqué dans l'introduction du document décliné en deux versions, ce questionnaire est destiné aux élèves plus ou moins jeunes à partir de 8 ans. Il a été publié sur le site de Corse Matin, dimanche 19 mars.
Ce document «fait suite à une demande émanant du Président de l'Assemblée de Corse (Jean-Guy Talamoni) concernant les questions traitées par la commission permanente chargée de travailler sur la diversité culturelle», est-il également précisé sur le document.
Le questionnaire qui crée la polémique.
— Corse-Matin (@Corse_Matin) 18 mars 2017
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Un questionnaire intrusif
Parmi les soixante-dix questions posées aux enfants, figurent notamment quelques-unes sur leurs pratiques alimentaires et culturelle lors du vendredi Saint, du Ramadan ou du Shabbat, sur leur consommation de viande, sur le port de signes religieux, sur leur sentiment de sécurité et d'intégration ou encore sur leur sentiment d'appartenance à la Corse et à la France.
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Des élus ou encore des membres du corps enseignant se sont élevés contre le caractère intrusif et tendancieux de ce questionnaire.
«Je vais demander solennellement à la ministre de l'Education nationale d'interdire la diffusion de ce questionnaire dans les écoles de la République», a indiqué dans un communiqué François Tatti, le président Divers gauche de l'agglomération de Bastia et conseiller territorial.
L'élu s'est dit «profondément heurté par la démarche et par le contenu». Il a assuré être prêt à saisir le tribunal administratif, si nécessaire, pour obtenir son interdiction. Pour l'heure, la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem n'a pas réagi à la polémique.
ma réaction au projet inacceptable de diffusion d'un questionnaire "ethnique" dans les écoles de Corse @najatvb https://t.co/Md0c74CzeC
— François Tatti (@ftatti) 18 mars 2017
Un état de lieux de la diversité en Corse
Dans une lettre au président de l'Université, le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni justifie cette démarche par la volonté de faire «un état des lieux» pour la commission permanente sur «la diversité culturelle et sa gestion».
«La réalisation d'un état des lieux quantitatif est rendue indispensable pour évaluer l'importance de chacun des groupes culturels au sein de la population», a-t-il précisé.
«Cet exercice n'est pas aisé et se heurte à des obstacle d'ordre juridique. La loi proscrit toute étude statistique à caractère ethnique», a constaté le nationaliste. Toutefois, «en s'appuyant sur les données démographiques et en sollicitant la contribution d'enseignants-chercheurs qui ont travaillé sur ces questions sensibles, une approche, quoiqu'empirique, est parfaitement envisageable», estime Jean-Guy Talamoni.