Moins d’une heure après le triple attentat-suicide qui a fait au moins 41 morts à l’aéroport international d’Istanbul, le gouvernement turc a mis en place le blocage provisoire des réseaux sociaux et des médias à l’intérieur du pays.
Alors que les images de l’attentat se propageaient sur Twitter et que Facebook avait activé le «Safety Check», le bureau du Premier ministre turc Binali Yildirim a décidé de bloquer l’accès aux médias et aux réseaux sociaux pour des motifs de «sécurité nationale et de l’ordre public».
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Ne pas répandre «la peur et la panique»
Selon le site Vocativ, qui rapporte l’information, ce blocage a pour but d’empêcher les images de l’attaque, du travail des services d’urgence et la diffusion d’informations sur les auteurs. Le partage des photos ou d’informations pourrait nuire à l’enquête criminelle et répandre «la peur et la panique, qui peuvent servir les intentions des groupes terroristes», et ainsi «nuire à la société dans son ensemble», affirme ainsi le tribunal d’Istanbul.
De nombreux internautes sont toutefois parvenus à contourner le dispositif pour répandre la nouvelle du blocage sur lesdits réseaux et dénoncer une telle censure.
Confirmed: Twitter and Facebook blocked in #Turkey by throttling at 1:06AM after #Ataturk#Istanbul airport attacks pic.twitter.com/LoEblca3G9
— Turkey Blocks (@TurkeyBlocks) 28 juin 2016
Une habitude nationale
Ce procédé est régulièrement utilisé par les autorités turques depuis que la modification de «Loi Internet» en mars 2015. Les amendements introduits permettent en effet au gouvernement d’ordonner aux fournisseurs Internet le blocage de certains contenus. En avril, YouTube, Facebook et Twitter avaient ainsi été coupés temporairement après le décès du procureur Mehmet Selim Kiraz tué lors d’une prise d’otages au tribunal d’Istanbul. Quelques mois plus tard, un attentat suicide sur des étudiants, revendiqué par l’Etat Islamique, avait conduit au même ordre, ainsi qu’à la suppression de nombreux articles de presse qui racontaient l’attaque.
Un semblant de contestation au sein de la population
Une vive contestation monte cependant au sein du peuple turc, et pour cause : outre le «Safety check» mis en place par Facebook et qui permet de savoir rapidement si ses proches sont à l’abri, cette censure a coupé les Turcs de nombreuses informations communiquées sur Twitter par des organisations comme la Croix-Rouge ou Turkish Airlines au sujet de centres de soins ou des vols maintenus ou annulés.